HOCHEUR.
C e t t e jolie espèce de Guenon doit être rappdrtée à la même famille que la Mone
et la Diane, à cause de l’élégance de ses formes et de la douceur de son caractère.
C’est à Marcgrave à qui l’on en doit la première indication; il la désigne par ces
mots : «. Autre Singe à longue queue d’Angole » (Hist. nat. Bras., p. 227); et on
ne peut la méconnaître à la description qu’il en donne, quoiqu’elle ne consiste
qu’en quelques phrases, tant il a saisi avec vérité ses traits distinctifs.
Linnæus parle aussi de cette espèce sous le nom de Nie titans, d’après Alstroemer
qui l’avait décrite sur un individu vivant, appartenant au professeur de botanique
Burmann.
C’est elle encore dont Buffon (Supp. VII, p. 72, pl. xvin) a donné une description,
et qu’il a fait représenter sous la dénomination de Guenon à nez blanc
proéminent. Mais il n’avait sous ses yeux qu’une peau bourrée, ce qui est cause
que le dessin de Desève est fort incorrect et ne fait sentir ni l’élégance des formes,
ni la finesse de physionomie qui appartiennent à cette espèce.
Lnfin Audebert, n’ayant aussi que la dépouille'd’un individu à décrire, et sans
doute une dépouille défigurée, donne ce Singe comme étant privé de callosités,
erreur qui a aussi été commise pour le Doue (Semnopithecus nemeus) ; et c’est à
lui à qui il doit le nom de Hocheur, traduction de celui de Nictitans, que Linnæus,
comme nous venons de le voir, donnait à cét animal.
Il résulte de cet historique, que les auteurs qui ont vu le Hocheur vivant ne
l’ont point fait représenter, et que les deux seules figures que nous en ayons,
fort inexactes l’une et l’autre, ont été faites d’après des peaux auxquelles on avait
plus ou moins fidelement conservé les formes de l’animal par l’empaillage.
J’ai eu quelque temps en ma possession la femelle adulte dont je donne la figure
et que je vais décrire.
Sa physionomie, ses formes, ses proportions, ses habitudes, son caractère, étaient
absolument ceux de la Diane, et ces Guenons se ressemblaient encore par la taille.
Le Hocheur avait, du bout du museau à l’origine de la queue, seize pouces; la
tête, de 1 extrémité de son museau jusqu’à sa partie postérieure, en avait quatre,
et la queue vingt-six. Le train de devant avait huit pouces et celui de derrière
onze. Les parties nues de la face étaient d’un noir bleuâtre, les paupières couleur
de chair, les oreilles d’un brun noirâtre, les mains entièrement noires, et la peau
du corps était d’un blanc légèrement teint de noir. Sur les parties i\ÿies de la face
ne se voyaient que quelques poils noirs isolés ; mais le nez était entièrement revêtu