HËLAMYS DU CAP.
C ’est à Delalande, dont les voyages au Brésil et au cap de Bonne-Espérance ont
procuré tant de richesses à l’histoire naturelle, que je dois le dessin de i’Hélamys
que je publie aujourd’hui. Par malheur il ne put que raj-ement, dans le cours de
ses voyages, exercer le talent qu’il avoit pour le dessin,, et la figure de l’Hélamys
du Cap, avec un très-petit nombre d’autres, sont tout ce qui reste de ce qu’il a fait
en ce genre ; aussi je regarde comme un devoir de recueillir ces restes précieux et
fidèles d’un homme mort très-jeune, épuisé par ses fatigues, et dont les naturalistes
parleront souvent avec reconnaissance. On ne sait cependant pas toute celle
qu il aurait mérité sans doute, s’il avait assez vécu pour, faire connaître ses observations
, et principalement celles qu’il avait faites au cap de Bonne-Espérance sur
les nombreuses espèces de Gazelles qu’il en avait rapportées. Se reposant sur la force
de sa mémoire, il écrivait peu; mais ceux qui ont pu l’entendre à son retour savent
qu il conservait dans son souvenir les laits les plus curieux sur ces1 animaux, si
nombreux en Afrique, et si peu connus, sur les lieux qu’ils habitent, leur degré
de sociabilité, leur maniéré de fuir ou de se defendre, .et surtout sur les moyens
de les atteindre et les précautions qu’exige leur chasse, les hasards qu’elle entraîne,
et la courageuse persévérance qu’elle exige; ce qui n’était qu’une autre manière de
peindre leurs moeurs, leur naturel. La plupart de ces documens sont perdus pour
toujours ; et je ne pourrai moi-meme faire connaître de l’Hélamys que les caractères
physiques ; je ne pourrai à peu près rien dire de ceux de sa v ie , sans lesquels
cependant on ne saurait apprécier exactement les premiers, dans leurs 'rapports
avec la nature au sein de laquelle vit ce singulier rongeur.
Sparmann est le premier voyageur qui nous ait fait connaître cet animal, que les
Hollandais du Cap nomment (Berg haas) Lièvre de montagne ou (Sprinh haas)
Lièvre sauteur, et qui, dit-il, se creuse des terriers, où les abeilles sauvages vont
faire leur nid et déposer leur miel; mais c’est R. Forster qui en a donné une description
détaillée sous le nom de Gerboise (Trans. de Suède, année 1778, p. 108.)
Allamand, dans ses Supplémens à Buffon, en a aussi publié une description faite
par Klokner, d’après un individu vivant arrivé en Hollande ; et il le confondait avec
le Kanguroo découvert par Cook à la Nouvelle-Hollande. Buffon ( Suppl., t. v i ,
pag. 269, pl. ¿£1 ) reproduisit, avec la figure de Forster, la description d’AIla-
mand, en admettant avec le premier le Lièvre sauteur au nombre des Gerboises.
Sparmann, R. Forster et Allamand sont donc les trois seuls auteurs qui entrent
dans des détails originaux sur cette espèce, et le*s figures qui en ont été données
pèchent principalement par la forme pointpe du museau et par celle des ongles.
Une connaissance plus exacte des caractères naturels du Lièvre sauteur m’a autorisé
à en faire un genre nouveau sous le nom d''Hèlamys, ce qui avait aussi été fait par
Illiger dans d’autres vues; mais il avait donné à ce genre le nom de Pedetes.