On passe d’un vallon sur une crête pour redescendre
dans une nouvelle dépression, sans apporter à ce jeu d’autre
préoccupation que celle de ne pas s’éloigner des cairns que
les hommes de Growley et de la caravane suivante ont édifiés
à profusion.
Nous employons deux heures environ à traverser le glacier
obliquement, remarquant à peine toute une végétation
» 1»;.'? Qui croît dans les re-
*' - ' 'v plis où le terreau a
' Î s* ' P ar se m6langer
au sable et au gravier;
elle est pourtant très
intéressante: l’ab-
sinthe y est reprékm
-MI *5
(124.) Camp de Liligo.
(128.) i0»’ parao (étape).
sentée par plusieurs espèces ;
des pédiculaires, quelques graminées
et carex, des hippophaës
et surtout des éphédras 4) de
belle dimension attestent, par leur développement, un
voyage considérable sur le glacier.
Une fois sur sa rive gauche ou sud, nous le remontons
tantôt sur son dos, tantôt dans le sillon entre la montagne et
le glacier lui-même, jusqu’à ce qu’enfin on débouche dans un
petit espace pierreux, au bas d’un couloir très rapide et
1 l| ’ephedra est un petit conifère qu’on rencontre entre autres dans
quelques stations du Valais. — L’hippophaé est bien connu de tous ceux
qui ont remonté la vallée du Rhône et bien d ’autres dans les Alpes. C’est
un arbuste aux feuilles argentées, assez épineux et broussailleux pour
qu’on ne pénètre dans ses ta illis qu’en cas d ’absolue nécessité.
dominé de deux côtés par des parois de poudingue peu consistant,
d’où émergent d’énormes blocs suspendus au-dessus
de nos têtes comme des épées de Damoclès.
Ce parao (étape), appelé Liligo, possède quelques niches
qui ont été aménagées en dortoirs au moyen d’un petit mur
extérieur, tandis que le fond, nivelé et recouvert de quelques
touffes d’absinthe ou de carex, fournit une excellente
couchette.
Le combustible n’abonde pas; cependant nos porteurs
finissent par découvrir
quelques vieux troncs de
pins ou de thuyas et, à
W m grandrenfort de bras, les
font dégringoler en bas
le grand couloir qui domine
le camp. L’espace
entre le glacier et le bas
du couloir est si étroit
(125 et 126.) En face de Liligo.
qu’il y a juste la place
pour la rivière et pour
l’emplacement d’une
tente ; un fin sable, malheureusement
juste au-
dessous de la paroi menaçante,
permet d’y
Sommets sans nom, sur la rive droite (N.)
du Baltoro.
dresser une tente, et les
grosses pierres qui foisonnent servent à en tendre les
cordes..
C’est ici que je vis pour la première fois des hommes à
pieds nus remonter un couloir d’éboulis, se garer au pas de
cmircp ln r sn n ’ iin Irnnr, ébranlé les menaçait. DOur s’élancer