Kl pourtant toutes ces beautés naturelles de la capitale
du Cachemire sont loin d’être estimées à leur juste valeur;
Il existe un peu en dehors de ville, dans la direction de l’est,
une colline de 300 mètres, le Takht-I-Soliman (trône de Salomon)
d’où l’on embrasse un panorama peut-être unique au
monde. Eh bien ! il se passe souvent des semaines entière^
sans que cette colline
reçoive d’autre visiteur
(26.) Méandres du Jehlum
à Srinagar;
duit au sommet couronné
d’un jolitemple
en pierre, aux murs
cyclopéens, réputé
très vieux, quoique
la construction n’en
probable-
que quelque berger
à la recherche
d ’un mouton, ou
quelque gamin indigène
en quête de
fleurs. Un bon sentier
cependant con-
. J j | Vue à IX, du Zetanwan ,S*.. ment PaS aU W du
xvie siècle : mais les
Anglais, pas plus que les indigènes, ne se soucient de fréquenter
cette éminence, pourtant bien modeste. Mes camarades
autrichiens et moi, en revanche, en avons fait l’une
de nos promenades favorites, alternant avec les flâneries
dans la ville indigène.
Car, chaque fois que nos préparatifs, entravés par la len-
teur des fournisseurs, nous laissent quelque temps de répit,
nous nous échappons d’un côté ou de l’autre. Rien de plus
instructif que d’errer à l’aventure dans les ruelles étroites et
enchevêtrées de la cité musulmane ; c’est là qu’on retrouve
l’aspect commun à toute agglomération orientale ; et les
détails même, bien que vus ailleurs déjà, n’en sont pas
moins d’un intérêt et d’un charme toujours renouvelés.
Ici, c’est une ruelle dont toutes les échoppes se. touchent,
et où se débitent les denrées alimentaires réservées exclusivement
à la cuisine
indigène ; un
peu plus loin, les
artisans de toute
espèce travaillent
en famille aux innombrables
bibelots,
variés à l’infini
, qu’enfante leur
imagination: vases
en cuivre ou en argent,
incrustés de
pierres plus OU (28.) Une ruelle à Srinagar.
moins précieuses
de toutes formes et de toutes dimensions ; objets damasquinés,
mosaïques en métal, en bois ou en papier mâché ;
meubles sculptés en bois précieux ou ordinaires ; tissus
en laine, unis ou bariolés, brodés de coton, de laine ou
de soie. A travers les croisées ouvertes, on voit, serrés
dans une pièce unique, une dizaine de corps penchés sur un
châle de Cachemire en confection.
La préparation du « pashmina » mérite une mention particulière
: la laine, d’une chèvre spéciale à ce pays, est triée
à la main; le fin duvet, entremêlé de poils plus longs, et qui
ne se trouve qu’à deux places restreintes sur le dos de l’animal,
est peigné patiemment par des femmes ou des enfants;