elle paraissait se faire toujours plus belle, plus séduisante ;
au moment où nous allions tourner l’angle de la vallée et
gagner le Baltoro, au moment où elle allait disparaître pour
toujours à nos yeux émerveillés, elle secoua pendant quelques
instants tous les nuages qui flottaient accrochés à ses
flancs et se montra dans toute sa gloire, trônant superbe et
vierge dans le bleu intense du ciel !
Je ne sais combien de temps je serais resté là, fasciné
par cette sublime apparition, scrutant une dernière fois dans
ses moindres détails le chemin àsuivre, si un nouveau rideau
de brouillards plus épais n’était revenu la voiler ; elle disparut
à nos yeux éblouis, drapée dans son blanc linceul,
rentrant dans la solitude éternelle.
Au tournant du glacier, notre rêve avait vécu sans retour.
(192.) Dernier adieu au Chogori.
193.) Vue de Doxam : Mitre Peak et son arête S. 0 .
VIII
RETOUR À SRINÀGAR
M o n jo n g , S k o r o -L a, S h ig a r , S k a r d u , P l a in e s d u D e o s a ï
Du 4 août au 6 septembre.
Malgré la descente, les premières étapes du retour sont
parmi les plus pénibles du voyage : sitôt rejoint le glacier
du Baltoro, sitôt aux prises avec les interminables moraines
et les pierriers sans fin, il nous semble recommencer un
nouveau voyage dans une contrée nouvelle, mais sans la
vigueur, sans l’élan surtout de la montée. Jusqu’à Rdokass,
nos corps affaiblis se traînent lamentablement.
Toutefois, à mesure que nous descendons, nous éprouvons
une notable facilité à respirer, si bien qu’arrivés à 4000
mètres, il ne nous semble pas être plus haut qu’à Ghamonix
ou à Zermatt.
Le trajet s’accomplit selon les prévisions : deux étapes
en un jour ; les coolies remontant le lendemain chercher
le supplément des kiltas.
Le 11 août, nous arrivons à Rdokass, en suivant, en travers
du glacier, un trajet sensiblement différent et moins
pénible qu’à la montée. Nous retrouvons Pfannl à peu près