bétains, Bokharans, Bélutchis, Yarkandis se coudoient dans
une animation des plus pittoresques.
Au milieu de ces marchands circule une foule de pèlerins,
évoquant le souvenir biblique des pénitents couverts
du sac et de la cendre ; ils n’ont plus le sac, mais les longs
cheveux en broussaille qu’ils saupoudrent de cendre, ainsi
que leur figure, leur donnent un air cadavérique d’autant
plus effrayant que leur corps, aux formes athlétiques, dé-
(239.) Une des coupoles du Temple doré d*Amritsar.
ment étrangement cette première et sinistre impression ;
instinctivement on s’éloigne de ces géants à la peau cuivrée
sous la cendre ; ils sont armés d’un bâton muni d’un certain
nombre de boucles métalliques correspondant aux pénitences
qu’ils ont encore à faire, et avec lequel ils signalent
leur présence ou éloignent ceux qu’ils ne doivent pas souiller
de leur contact.
Le Durbar ou « Temple doré », bâti sur un îlot au milieu
d’un grand bassin carré, est La Mecque ou le Vatican des
Sikhs ; c’est certainement un des chefs-d’oeuvre de l’architecture
hindoue, tant au point de vue des proportions
et de la pureté des
lignes que du fini
du détail ; il est en
marbre blanc recouvert
de cuivre
doré, et surmonté
de coupoles étincelantes
qui se mirent
dans l’eau
bleue de l ’étang,
tandis que la verdure
des jardins
avoisinants marie
harmonieusement
ses teintes variées à leurs dorures. Le nom d’Amritsar
vient précisément du bassin de ce temple, « l’étang de l’Immortalité
».
(240.) Le temple doré d’Amritsar, au milieu de son étang-.
Les Européens sont admis à assister aux cérémonies du
culte, à condition d’entrer par une porte spéciale et de jeter
quelques roupies au milieu des offrandes des pèlerins, composées
de fruits ou de cauris (coquillages) ; ' installés dans
une pièce formant l’intérieur du temple, avec parois couvertes
de dorures à profusion et de fleurs peintes ou naturelles,
les prêtres entonnent une mélopée tirée de leurs
livres, religieux, le « Granth » en particulier, et accompagnée
d’une musique étrange, bien faite pour frapper l’imagination
des fidèles. En échange de vos roupies, un prêtre vous offre
un chapelet de fleurs enfilées à la manière d’une chaîne de
morilles, tandis qu’un autre vous fait escorte jusqu’au sommet
d’une de ces coupoles, d’où la vue s’étend magnifique
sur les environs, et spécialement sur les forts qui entourent
la ville.