tache, au fond du glacier, un bloc de glace, de 30 à 50 centimètres
de côté, et on le laisse exposé aux rayons du soleil
pendant 5 à 10 minutes ; lorsque l’eau d’infiltration commence
à s’égoutter dans les parties déclives du morceau, on en badigeonne
au pinceau toute la face supérieure, au moyen
d’une solution de violet de méthyle ; la matière colorante
s’insinue par capillarité dans les interstices laissés entre les
grains plus ou moins gros de la glace, et que l’eau vient
d’abandonner; il se forme un réseau d’alvéoles, aux mailles
plus ou moins grandes qui délimitent et isolent ainsi chaque
grain, e tl’on mesure
les plus grands. Ma
première expérience
ne fut guère
concluante, le soleil
s’étant couché avan t
que l ’eau se fût
écoulée ; je pus cependant
mesurer
q uelques grains d’un
diamètre de 4 ou 5
cm. ; mais, au retour,
j ’en devais
(io5.) Mango-Gusor et placier de Biafo. t r O U V e r d e b e a U C O U p
plus gros.
J e pus par contre prendre quelques belles photographies,
entre autres une du Mango-Gusor, haut de plus de 6000 m.,
et d’une hardiesse incroyable. Il descend d’un seul trait jusqu’au
fond de la vallée, à 3000 m., opposant un obstacle infranchissable
au front du Biafo, qu’il arrête net : témoins, les
traces encore visibles du dernier effort, où la glace a violemment
poli la base de ce fantastique bloc de rocher patine.
Actuellement, ce glacier ne s'étend pas plus loin que le
Braldoh, et son extrême limite est marquée par la rive droite
de la rivière. Depuis l’époque où les topographes en firent le
relevé (1861), il a pu se retirer un peu ; mais, comparées à
son énorme masse, des variations aussi minimes sont sans
importance. D’autre part, le glacier est relativement petit, si
on le compare aux puissants systèmes de courants glaciaires
qui s’écoulaient autrefois par ces vallées. On voit partout des
traces d’anciennes glaciations sur les pentes septentrionales
du Mango-Gusor, jusqu’à '1000 mètres au moins au-dessus du
fond de la vallée.
Korofon est un emplacement de campement marqué par
un gros cube de granit de 6 à 8 mètres de haut; deux de ses
parois sont surplombantes
et ont
été aménagées par
les indigènes en
une espèce de
grotte, au fond nivelé,
et bordé d’un
petit mur. Cet espace
est suffisant
pour les rares bergers
qui s’aventurent
de temps à
autre avec leurs
troupeaux à travers
le Biafo ; mais
(ioG.) Korofon.
nos 230 hommes eussent été bien embarrassés de se mettre
à couvert dans un si petit espace ; ils en sont quittes pour
ne rien changer à leurs habitudes: coucher une fois de plus
à la belle étoile n’est pas pour les effrayer.
Ils y regardent de plus près quand il s’agit de passer les
cours d’eau à gué, car ils ne savent pas nager, et ils n’ignorent
pas qu’au moindre faux pas, ils sont irrémédiablement
perdus si le courant est quelque peu violent.
La question va précisément se poser. Notre seconde journée
devrait en principe consister à faire un grand détour,