la besogne ; à nous tous, une fois réunis, la tâche de la terminer
et si possible de la mener à bien.
Les coolies de Pfannl et Wessely se cohfondent en salutations
et en démonstrations d’amitié et, à l’arrivée des nôtres,
c’est, pendant quelques minutes, un échange de poignées
de main, de courbettes, d’embrassements et de génuflexions
du plus curieux effet; nous aurions certainement
trouvé comiques toutes ces simagrées quelques mois auparavant
; mais maintenant elles nous paraissent les plus naturelles
du monde ; pour un peu, nous en ferions autant, et, en
attendant, nous répondons à leur «Salam saïb « par un «sa-
lam» touchant, accompagné du geste de se frapper le front
du bout des doigts, ce que tout Européen bien élevé consent
à faire pour honorer un indigène, et qui est une marque de
déférence à laquelle nos hommes sont très sensibles. En
général, nous n’usons de ce salut cérémonieux qu’envers
nos chicaris ; mais, dans des occasions comme celle-ci,
nous ne croyons pas déroger en faisant quelques frais
de plus.
A 11 heures, les hommes qui redescendent nous quittent,
emportant de bonnes nouvelles pour Eckenstein ; nous lui
recommandons une grande diligence, car notre « main camp ».
est installé et nous voulons profiter du beau temps qui a l’air
de s’établir. Durera-t-il? Voilà la grave question qui seule
nous préoccupe à l’heure qu’il est.
Pour le moment, le soleil brille dans un ciel sans nuages ;•
mais un courant d’ouest nous donne quelque peu à réfléchir.
Nous profitons toutefois de la bonne chaleur pour sécher nos
effets humides de la neige d’hier ; puis, quelques parties
d’échecs en attendant le souper, et la soirée passe agréablement.
Nous donnons les dernières instructions à nos coolies
pour demain, leur recommandant d’être prêts à partir de
bonne heure et nous préparons déjà ce soir, avec le souper,
le déjeuner qui doit être expédié lestement pendant qu’on
roulera la tente.
Ainsi fut fait et, le 20 juin, à 5 % heures, nous abandonnions
ce dernier parao, pour gagner le camp X et nous réunir
au reste de l’expédition.
La neige est meilleure et moins épaisse qu hier . nous
parcourons de grands espaces de ¿lace entièrement découverte.
Les crevasses, par contre, sont beaucoup plus nombreuses
et plus enchevêtrées, et nous perdons de ce fait un
peu de temps, consacré à sonder celles encore recouvertes
de ponts de neige.
Les séracs qui occupent les deux bords du glacier laissent
heureusement entre
eux un passage suffisant,
pas trop accidenté,
mais assez
incliné ; deux hommes
encordés et peu
chargés marchent
devant, sondant les
ponts de neige, que
nous abattons lorsqu’ils
sont trop faibles,
et indiquant
aux suivants les précautions
à prendre. (iG6.) Le Camp X (5700 '» env.).
Nous nous élevons
rapidement et, à 7 V2 heures, nous apercevons les tentes
de nos amis.
La première partie de l’expédition sur le glacier est terminée
; tout a marché au gré de nos souhaits ; nous avons
joui d’une santé excellente, nous nous sentons dans les meilleures
dispositions pour entreprendre les tâches les plus pénibles,
les escalades les plus ardues, nous sommes prêts à
donner i’eiïort maximum que peut réclamer l’assaut final.
Ni le régime que nous avons suivi jusqu’à présent, ni l’altitude
ne nous ont encore débilités ; l’inconnu s’ouvre devant