tites munies de leur feuillage ; et par dessus le tout, on étend
des couvertures de laine achetées à Askoley, dont le tissu
serré, sans être imperméable, doit arrêter suffisamment la
pluie.
Toute cette construction a demandé une heure et demie
de travail, et ce n’est pas sans un sentiment de légitime fierté
que nous contemplons notre oeuvre : cet abri sera utilisé
par les bergers qui reviendront dans ces parages ; peut-être
le temps n’est pas éloigné où de nouvelles caravanes d’excursionnistes
se féliciteront de notre initiative, en pensant
aux cabanes du club alpin dont ce rudiment représente le
prototype !
Et puis, en édifiant cette habitation, n’avons-nous pas
créé l’embryon d’un nouveau village et enrichi la carte d’une
nouvelle station? Nos gens l’appellent Paiyu, et, fidèles au
principe de conserver soigneusement les appellations indigènes,
nous enregistrons ce nom, dont la signification nous
est cependant inconnue.
J’ai emporté d’Europe quelques petits drapeaux des nations
représentées dans l’expédition ; Eckenstein et Knowles
s’empressent de planter le leur sur le nouvel édifice, et
consacrent ainsi définitivement notre oeuvre à la civilisation
!
Nous restons trois jours en cet endroit, à organiser à
nouveau notre marche.
Après quelques délibérations, nous décidons que Crow-
ley quittera la premier Paiyu avec une vingtaine d’hommes,
parmi lesquels se trouvent quelques porteurs qui ont accompagné
Conway dix ans auparavant. Un d’entre eux,
nommé Kitul, nous donne des renseignements extrêmement
intéi’essants ët absolument inédits sur cette expédition, au
cours de laquelle il a eu plusieurs doigts gelés. Connaissant
ainsi le trajet accompli sur le glacier, ses indications pourront
avoir quelque utilité, d’autant plus qu’il sait où se trouvent
les emplacements où les indigènes ont l’habitude de
passer la nuit, quand ils viennent dans ces régions avec
leurs troupeaux.
Mais, avant de nous séparer, il s’agit de procéder à une
opération désagréable prévue depuis assez longtemps déjà.
A plusieurs reprises, nous nous étions rendu compte
de diverses infidélités de la part de nos cuisiniers ; résolus à
faire un exemple, nous avions décidé de nous en débarrasser
à la première ocque
la provision de
Les nouveaux cuisiniers.
. : “(118 et 119.)
sucre, renouvelée à
Skardu et calculée
de façon à suffire
amplement pour Je
reste du voyage, touchait
à sa fin. Leur
culpabilité était évidente,
mais, ne voulant
pas engager de nouveaux cuisiniers pour les quelques
jours qui nous restaient à avoir besoin de leurs services,
nous avions ajourné leur"exécution.
C’est à Paiyu que, leur conduite donnant lieu à de nouvelles
plaintes, nous chassons ces serviteurs infidèles.
Nous réunissons tout notre personnel, y compris les représentants
des. autorités, et, par devant tout ce monde, Crowley
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