celui du registre de notre personnel ; à l’étape, le porteur ou
le conducteur du cheval venait toucher sa solde (« masuri »)(
à laquelle on ajoutait généralement une bonne-main de 2 V2
à 5 centimes par jour, ce qui constituait une grosse somme
pour eux.
Nous avions, en effet, pour principe de régler no us-mêmes
le compte de chacun de nos hommes individuellement, et de
ne pas confier cette besogne à des sous-ordres qui peuvent
ne pas s’en
acquitter
avec une scrupuleuse
fidélité, et
créent
(33.). Coolies en marche.
ainsi des mécontentements.
Grâce à cette
mesure et au fait que
nous ne maltraitions
jamais notre personnel,
bien des difficultés
nous furent épar- -- (34.) cooiies à l’étape,
gnées, qui avaient arrêté
ou retardé d’autres expéditions dans ces contrées ;
c’est, du moins,, à quoi nous attribuons la facilité de nos
rapports avec tant d’indigènes.
Encore un mot sur les coolies, pour n’y plus revenir : ce
sont pour la plupart de magnifiques et solides gaillards, portant
pendant 25 à 30 kilomètres leurs 30 ou 40 kilogrammes,
et cela pour ainsi dire sans arrêts, de bonne heure le matin
jusqu’à midi ou deux heures, suivant la longueur du trajet,
et à une allure que nous autres Européens, chargés uniquement
d’un parasol ou d’un appareil photographique, avions
parfois de la peine à soutenir.
Notre caravane ée composait en moyenne de 168 à 170
individus, répartis de la façon suivante :
Européens............................... 6
Chicaris ..................................... 2
Naukhars-coolies. . . . . (5)6
Cuisiniers, chef et aides . . . (5)6
Coolies, en moyenne . . . . 150
Un chicari est en général un maître chasseur indigène,
qui a débuté comme naukhar-coolie, ou domestique, accompagnant
un ou des Européens dans des expéditions sportives,
dont la chasse était le but principal. Ils connaissent très
bien le pays, et spécialement les régions giboyeuses, savent
l’hindoustani (quelquefois l’anglais)et comprennent les nombreux
dialectes parlés dans le Baltistan et le Cachemire ; ils
servent donc d’interprètes, et, dans notre expédition, s’occupent
du remplacement des coolies, du chargement et du
déchargement des bagages, matin et soir; ils s’entendent
avec ceux des lambadars ou des tahsildars (chefs de villages
représentant le gouvernement, et chargés entre autres de
procurer des coolies), qui ne parlent que des patois incompréhensibles
pour nous; mais, quand ceux-ci savent l’hin-
doustani, nous pouvons communiquer directement avec
eux, ce qui simplifie singulièrement la besogne.
Nous avions deux chicaris, Salama et Abdulla Bat; mais
en réalité, Salama seul, le plus âgé.et le plus expérimenté,
en remplissait le rôle ; ayant beaucoup voyagé, il connaissait
très bien le Cachemire, et jouissait d’une très grande auto