s écroulent au moindre effort. Pas une goutte d’eau, du sable
et des pierres à perte de vue : voilà le bilan de cette matinée.
Un peu avant d arriver à l’étape, au moment de redescendre
dans la petite plaine qui précède Paiyu, on découvre
tout d’un coup le glacier de Baltoro, et la couronne de hauts
sommets qui l’entourent de tous côtés, dominés par les 8000
mètres de la Tour du Mustagh.
Cette piemière apparition fut des plus impressionnantes ;
nous nous demandions
depuis quelques
jours sous
quel aspect s’offrirait
à nos yeux ce
glacier sur lequel
nous allions vivre-
plusieurs semaines,
plusieurs mois peut-
être; et maintenant,
enfin, nous l’avons
sous les yeux. Il
, . - n’est pas beau, loin et front du Biafo.
de là, mais comme
( n 3.) Boches éruptives d aspect stratifié
il s harmonise avec le reste de la contrée !
Enorme, large de plus de deux kilomètres, il étale sa
croupe terminale comme un de ces reptiles fantastiques que
les squelettes préhistoriques et l’imagination de Flammarion
nous font concevoir. Enserré de sommets qui descendent
jusqu à lui en pentes abruptes, couvert des débris de toutes
les montagnes qui le mitraillent journellement de leur formidable
artillerie, au point que, si incroyable que cela
paraisse, aucune trace de glace n’est visible jusqu’à 50 km.
en amont, le Baltoro débouche dans une plaine trop étroite,
après avoir parcouru près d’une centaine de kilomètres au
pied des géants les plus élevés du inonde !
Paiyu, qui ne figure pas encore sur les cartes, contraste
agréablement avec l’aridité du reste de la vallée; il est
dans une situation délicieuse, sur une petite plaine d’allu-
vions, avec une petite forêt composée des mêmes essences
qu’à Bardumal, auxquelles s’ajoutent des saules assez grands
pour donner une ombre des plus agréables ; c’est la première
fois depuis Askoley que nous pouvons jouir de l’ombre
ailleurs que dans la tente, toujours transformée en étuve
dans le milieu de la journée. La rivière coule à quelques
centaines de mètres, de sorte que le silence est à peu près
complet ; mais plusieurs
sources d’eau
pure et fraîche arrosent
la petite plaine,
et font de cette oasis
un lieu de délices
dont nous goûtons
les charmes, et
qu’au retour nous
saluerons avec des
transports de joie
autrement exubérants
encore. (114.) Boues glaciaires près de Paiyu.
Depuis que nous
sommes dans le bassin de l’Indus, nous ne voyons que des
roches éruptives sous toutes leurs formes : protogine,
diorite, serpentine, schistes micacés, gneiss, granits à grains
de toutes grosseurs ; la route est souvent semée de quantités
énormes de grenats, les uns petits, très durs, proéminant
sur un fond noirâtre, d’autres atteignant la dimension d’un
pouce, enfermés dans,une masse micacée du plus beau
vert, avec des filets bleu ciel, de sorte que certains rochers
offrent l'aspect le plus riant.
Le plus souvent, le paysage est sauvage et dénudé ; mais
combien grandiose! et quelle hardiesse de lignes ménagent