orangé, très brillantes, colorent la roche en longues traînées
qui passent successivement du rouge clair au brun
foncé.
Une petite moraine latérale nous sépare fort à propos du
bas du pierrier encore couvert de neige, et nous protège des
pierres et des glaçons qui tombent fréquemment de la paroi,
dès qu’un rayon de soleil apparaît.
Les tentes reposent directement sur la neige, comme au
camp X; mais ici elle a plus d’un demi-mètre d’épaisseur, ce
qui nous obligera à changer plusieurs fois d’emplacement ;
l’eau de fusion qui se forme aux dépens de notre chaleur
animale pénètre pourtant dans la couche sous-jacente, et ne
forme heureusement plus les baignoires si désagréables du
camp X ; mais la neige se tasse sous les parties les plus
lourdes du corps, si bien que la tête et les pieds reposent
bientôt sur une éminence, tandis que le reste du corps disparaît
dans les profondeurs d’une vaste cavité.
La paroi qui nous domine est la chute terminale d’une
longue arête très étroite qui se détache du Chogori à quelque
5 ou (500 mètres du sommet; elle se dirige d’abord
horizontalement au nord-est et se termine au-dessus de nous
par un renflement pouvant passer à la rigueur pour un sommet
distinct. C’est à ce sommet que nous allons tenter de
nous élever, pour gagner la longue arête horizontale. Si nos
coolies ne s’effraient pas de l’inclinaison de cette première
partie de l’ascension, et s'ils parviennent à atteindre un
« replat » que l’on distingue d’en bas entre ce premier
sommet et le commencement de la grande arête, il ne
resterait plus, de l’extrémité opposée de celle-ci, que 1000
ou 1200 mètres à gravir(sur la pyramide terminale de notre
géant.
Pour jeter les bases de cette attaque, nous décidons, Wessely
et moi, de profiter du premier beau jour pour faire une
reconnaissance préliminaire et de chercher une route qui
permette aux coolies de gagner le replat en question.