teinte passe insensiblement au vert, puis au rouge, en
donnant à tout le paysage et aux êtres animés un aspect
féérique, surnaturel, dont le souvenir persistera intense,
comme une conception délirante enfantée par quelque cerveau
(248.) Jumma Musjik, à Ag'ra.
exalté. Il semble qu’on foule une autre planète, qu’aurait
créée l’imagination féconde d’un Flammarion, une Urania
peuplée d’êtres étranges se mouvant dans une lumière blafarde,
décomposée en couleurs d’un spectre inconnu. Nous
retrouverons ces colorations si curieuses dans la plupart
des villes de l’Inde,
mais jamais aussi
puissamment qu’à
Agra.
Bien qu’au centre
des provinces
où la révolte des
cipayes a sévi de
la façon la plus
effroyable, Agra a
échappé presque
miraculeusement
(2^9.) Tombeau â'Itimadu Danlith, p rè s d'Ayra. à l a TUi116 e t UUX
désastres dont les villes voisines ont été le théâtre. Au plus
fort de l’insurrection, la population d’Agra, forte de 6000
âmes (où se trouvaient
à peine 1500
Hindous et Musulmans),
formait le
mélange occidental
le plus hétérogène
qu’il fût possible
de voir dans
les Indes ; les nonnes
. des bords de
la Loire et de la
Garonne y coudoyaient
les prêtres
de Sicile et de (l5o.) Taj Mahal, à Agra.
Rome, les missionnaires
de l’Ohio et de Bâle étaient confondus pêle-mêle avec
les danseuses de corde de Paris et les colporteurs américains ;
un effroyable massacre
était imminent,
lorsqu’un incident
insignifiant,
l ’entrée inopinée
d ’une petite colonne
de secours
qui réussit à repousser
et à disperser
les assaillants,
sauva Agra
et ses trésors artistiques
d’une ruine
irrémédiable.
(201.) Hives de lu Jumma ;
vue d’un minaret du Tuj Mahal.
Agra est ceienre avant tout par son Ta/ Mahal, un des
plus brillants spécimens de l’art funéraire hindou. Ce mau-