vivre n’est pas défavorable, et nous nous y habituons très
rapidement.
Nous restons cinq jours dans cette ville, à faire .connaissance
avec la vie des Indes.
Au départ d’Europe, on m’avait, donné l’adresse d’une
Suissesse qui devait se trouver à Abbotabad, à une journée
de Rawal-Pindi. Je prends donc des informations pour m’y
rendre pendant les jours d’inaction ; mais, sur le point de
partir, je reçois une lettre d’une personne qui, ayant vu un
nom neuchâtelois dans la liste des nouveaux arrivés à l’hôtel,
me prie de passer au salon. Jugez de mon plaisir en trouvant
précisément la jeune fille en question, ce qui me procure
l’avantage de faire la connaissance d’une charmante compatriote.
tout en m’évitant de courir bien loin et inutilement à sa
recherche. Au courant
des us et coutumes
delà contrée,
elle m’initie promptement
à la façon de
se comporter à Pé-
gard des natifs.
Nous parcourons
ensemble à plusieurs
reprises la
ville indigène, où les
Européennes n’osent
guère s’aventurer
seules.
Je reçois aussi d’elle mes premières leçons d’hindoustani,
et enfin un paquet de Gazette de Lausanne, à laquelle elle est
abonnée, et que, dans la suite, elle continuera à me transmettre
régulièrement durant tout notre séjour sur le glacier1).
') Voir à la fin du'volume, Appendice I.
II
DE RAWAL-PINDI A SRINAGAR
Du 29 mars au 4 avril
Trois jours après notre arrivée à Rawal-Pindi, les bagages
sont au complet, à l’exception d’une petite caisse de « Tro-
pon ». qui ne nous rejoindra qu’un mois plus tard à Sri-
nagar.
Nous commandons 15 elckas pour le lendemain ; mais
c’est un jour de fête musulmane, coïncidant avec notre Vendredi
Saint : il faut attendre au samedi pour songer à se
mettre en route.
Les « ekkas » sont des sortes de tapecul à deux roues,
sans ressorts, dont le modèle date sûrement d’avant le
déluge. Une caisse trapézoïdale, articulée à l’arrière et s’ou-
vrant à l’inverse des caisses chrétiennes, repose sur l’essieu ;
elle n’a pas de couvercle, et c’est le fond qui est fixe ; on la
soulève sur ce fond, et l’on enfourne par devant tout ce qui
peut y prendre place ; puis on la rabat et l’on charge par
dessus les colis que leurs dimensions ne permettent pas de
caser à l’intérieur. Ici encore nos skys ne trouvent que difficilement
à se loger; on finit par les fixer sur les côtés d’un
des véhicules, au-dessus des roues.
A 11 heures, moment fixé pour le départ, il reste encore
une douzaine de caisses à charger, et nous avons déjà 15