éclair ni entendu un roulement de tonnerre, malgré des orages
aussi fréquents que violents; il n’existe d’ailleurs pas de
mot thibétain pour exprimer ces phénomènes.
La lumière zodiacale est d'une intensité plus grande que
je ne l’ai remarquée ailleurs. La lumière des étoiles est assez
forte pour permettre de lire le titre d’un journal.
J’ai eu l’occasion, à plusieurs reprises, d’observer des
précipitations pluviales en stries horizontales et parallèles,
superposées verticalement, et séparées par des zones dépourvues
de pluie; ce fait peut s’expliquer par le passage de
gouttes très fines à travers des couches d’air plus ou moins
chaudes et de sécheresse inégale.
Passant des tropiques aux régions les plus élevées de
l’Himalaya, du Karakorum et de l’Hindu-Iiush, nous devions
subir naturellement des température s bien variées.
Le Baltistan, situé entre le 30° et le 35» parallèle, c’est-à-
dire à peu près à la hauteur du sud de la Sicile, de la Tunisie
ou du nord de l’Egypte, présente des températures corrélatives
à sa position géographique, mais corrigées par l’altitude.
Aussi la vigne prospère-t-elle très bien à Srinagar (1500
à 1600 mètres) et même,à Skardu (2200 mètres). Et j’ai recueilli
une florule de phanérogames à 5200 mètres.
Mais le Cachemire, ne s’abaissant pàs à moins de 1000
mètres, ne connaît guère la végétation tropicale.
Les différences de température sont assez sensibles suivant
les moments de la journée, surtout sur les glaciers ; il
nous ést arrivé de passer en quelques heures de —20° à
+40°. Ce minimum de —20° est à remarquer, car nous nous
attendions à des froids plus considérables, même en plein
été.
La botanique, la zoologie et la géologie de cette région de
l’Himalaya et même du Karakorum ayant déjà été étudiées
assez à fond, je ne pouvais avoir la prétention, dans un seul
passage à travers ces nombreuses vallées, de découvrir et
d’étudier des espèces nouvelles ou de résoudre des problèmes
géologiques importants. Toutefois, je me suis efforcé de
recueillir les florules supérieures et, d’après les noms ci-
dessous, on pourra se convaincre que ma peti te contribution
botanique n’est pas absolument sans valeur.
Voici la liste des phanérogames recueillies à 5200 mètres,
sur les pentes mêmes du Chogori, autour du camp IX :
Florule récoltée à 5200 mètres, à la base du Chogori 0
(Hindu-Kush, été 1902)
Sur dix espèces examinées à l’herbier Boissier (Cham-
bésy, Suisse), huit ont pu être déterminées, une reste indéterminable
et la 10e, tout en pouvant être identifiée à un
genre, reste indéterminable, quant à l’espèce.
G. B e a u v e r d
. Février 1903.
Trois de ces plantes sont répandues dans les régions boréales
tempérées et se retrouvent dans les hautes montagnes
de l’Asie centrale, les six autres sont des espèces plus spéciales
à la région himalayenne ; à cette dernière catégorie
appartient le Saussurea indéterminé ; ce genre de la famille
des composées possède dans le massif himalayen le centre
de son aire de dispersion et y est représenté par plus de 80
espèces.
1° L’une des plantes récoltées, le Ranunculus cymbalaria
est nouvelle pour la région du Cachemire ; toutefois
son existence dans les contrées limitrophes (Afghanistan,
Thibet, Sikkim) avait déjà été constatée.
2° Arena subspicata. Clairv. f. nana (région himalayenne).
3° Arenaria deusissima Wallich » »
’) Ces plantes sont entre les mains de l ’auteur et peuvent être éventuellement
consultées à l ’herbier de l ’Académie de Neuchâtel (professeur
Tripet).