le glacier de Baltoro, sur les flancs duquel leurs troupeaux
trouvent encore à brouter ; c’est pourquoi ces différents endroits
portent des noms indigènes, toujours intéressants à
signaler au point de vue géographique.
Les dites pierres ne se trouvent pas au milieu d’un petit
plateau, comme celle de Korofon, mais à flanc de coteau, et
étagées en nombre assez considérable; elle peuvent abriter
la bonne moitié de nos coolies ; le reste passe la nuit autour
de grands feux.
La végétation arborescente existe encore ici ; elle est
(i i i .) Massif du Mango-Gusor, au-dessus de Bardumal.
composée de thuyas et de térébinthes, mais d’espèces un peu
différentes de celles que nous connaissons en Europe ; en
outre, beaucoup d’hypophaés aux longues épines, de saules
et d’éphédras arborescents, rappelant les rives du Rhône,
fournissent un combustible qui pourra servir encore à beaucoup
d’expéditions subséquentes.
Dans l’après-midi de cette seconde journée, bien remis
des fatigues du matin, j’allai faire une petite ascension pour
essayer, dans mon impatience, d’apercevoir le Baltoro. Je
montai pendant plus de deux heures dans un terrain très sablonneux,
où les grosses pierres ne tenaient qu’à peine et je
linis par arriver sur un promontoire d’où la vue s’étendait
magnifique dans la direction du glacier ; mais ce dernier
lui-même n’était pas visible. Je vis en revanche des traces
innombrables d’ibex (bouquetins), mais ne pus découvrir
les animaux eux-mêmes ; plus .tard, seulement, j’en devais
voir un troupeau de 47, dont bon nombre d’adultes de la
taille d’une vache. En sept minutes, je descendis en glissade
dans le sable la pente qui m’avait pris plus de deux heures
à la montée.
Le troisième jour enfin, nous arrivâmes non loin de l’extrémité
du Baltoro, après avoir'longé la rivière pendant une
heure et demie environ, puis grimpé sur le dos d’un énorme
cône de déjections, le plus formidable que nous ayons rencontré
dans toute la contrée; il faut près d’une heure pour
le traverser. Puis le sentier, s’entrecroisant avec les traces
des ibex qui vont boire à la rivière, tantôt s’enfonce dans des
ravins secondaires, tantôt grimpe sur des proéminences, où
les pierres branlantes, reposant sur un sol sans consistance,