jours précédents; le sentier suit en général le bas de la
montagne, et traverse de petites prairies où quelques sources
entretiennent une humidité suffisante pour permettre à
une très belle flore de s’épanouir normalement.
Nous croisons ensuite deux vallons latéraux, que leurs
glaciers bombardent constamment : ce qui nous oblige à
passer sur le Baltoro et à recommencer nos pérégrinations
au milieu des moraines branlantes. Heureusement, ce trajet
( i 5i .) Parao de Doxam et Trône d’Or.
n’est pas très long, et nous finissons par déboucher dans un
vallon un peu plus ouvert que les précédents, où la mitraille
ne fait pas moins rage, mais où une moraine secondaire
nous protège et nous permet d’assister sans danger à ce
spectacle grandiose.
' La moraine, au pied de laquelle nous posons la tente, est
de même nature que les deux derniers vallons que nous
avons croisés : c’est du marbre le plus pur et si blanc, si
étincelant qu’on ne peut le traverser, lorsque le soleil brille,
sans être ébloui, comme sur des névés ou de la neige
fraîche ; nous devons mettre nos lunettes noires pour en
supporter l’éclat.
Au milieu de ces débris, de jolis petits lacs nous offrent
une eau limpide et calcaire et, pour la première fois dépuis
bien des mois, nous croyons boire de l’eau de source du
Jura! Nous nous en régalons, tout comme d’une bouteille de
Neuchàtel, de Dézaley ou de Bordeaux, et en remplissons
quelques gourdes !
(i5a.) Massif sans nom, au S. 0 . de Doxam.
Ce parao de Doxam, Fan Camp sur la carte de Conwav,
est situé dans un enfoncement entre le Baltoro et le bas de
la moraine frontale, que repousse en ce moment le petit glacier
qui nous domine,' en nous assaillant de projectiles.
Nos hommes ont aménagé, à l’abri d’une petite moraine
secondaire, en dehors de la ligne de tir de cette artillerie, de
petits enclos à mi-hauteur d’homme derrière lesquels, à
l’ombre, sous leurs couvertures, pendant le jour ils popotent