Avant de gagner Calcutta, nous nous arrêtons encore
deux jours à Bénarès, la ville sainte par excellence des Brahmanes.
C’est le lieu de pèlerinage le plus célèbre de l’Inde ;
chaque année des millions de pénitents y viennent de très
loin se faire laver de leurs péchés dans les eaux jaunâtres
du grand fleuve, ou se faire incinérer après leur mort pour
- (261.) Bénarès :
Lé quai de crémation.
regards peu bienveillants
d’une population
fanatique, puis.une partie
de bateau le long
avoir la satisfaction de
savoir leurs cendres
dispersées dans le remous
du Gange.. •
Une promenade en
voiture à travers la
ville indigène, sous les
des k< ghats » ou quais,
pour assister aux ablu-
.• L a .. . ■»' 1 .1 (262.) Bénarès : Vieux temple ' : tions et aux scenes tombant au Gan^e. -
de dévotion des pèlerins
: c’est tout ce qu’une violente fièvre me permet de
supporter.
En effet, bien que nous approchions de l’automne et que
la chaleur soit encore tropicale, ili m’arrive souvent de frissonner.
L’eau que nous buvons en bouteille paraît offrir
toutes les garanties de pureté et d’innocuité ; cependant, je
vais m’affaiblissant de jour en jour, et la fièvre fait de fréquentes
apparitions. A Delhi déjà, puis à Agra, je me demandais,
navré, s’il faudrait renoncer à voir tant de belles choses
encore, partir sans avoir accompli tout au moins le pèlerinage
complet de la vallée du Gange? J’avais bien trouvé
la force de le pour- ^
suivre, en tronquant
quelque peu le programme,
(263.) Bénarès : Le quai du Gange en aval
du Temple des singes.
mais mon
état précaire ne me
permit malheureusement
pas de jouir
beaucoup de toutes
ces splendeurs ; je
ne fis que passer rapidement
au milieu
d’elles, déclanchant
en automate l’o b t u - _________________________________
rateurde mon véras-
cope, lorsqu’un gardien
jaloux tournait le dos (car chacun ne peut pas photographier
dans ce
beau pays, où tous
les moyens sont
bons pour soutirer
quelque roupie à
qui ne sait se défendre).
Cette dernière
étape de notre visite
aux villes du
Gange n’en restera
pas moins comme
un des souvenirs
les plus vivaces de
la fin de ce beau
(234.) Bénarès : Le Temple des singes
et le quai en amont.
voyage. Ces impressions multiples, si variéçs et si intenses
que la maladie fie parvint pas à atténuer, je les revis encore