d’une heure l’esquisse de cette apparition si ardemment
souhaitée.
Nous l’avons maintenant devant nous, ce sommet renommé,
nous pouvons le contempler à notre aise, nous, les
premiers Européens auxquels il sera donné de l’approcher,
d’en fouler la base, d’en escalader une des principales arêtes,
d’en scruter les moindres détails ; et nous ne pouvons nous
rassasier de l’admirer et de l’admirer encore.
(159.) Chogori (K 2) au lever du soleil, vu du Camp VIII.
Au début, la fascination qu’il exerce sur notre esprit est
si grande que, malgré notre habitude d’apprécier rapidement
un sommet, nous sommes comme subjugués, paralysés.
Nous restons muets, ne trouvant pas une parole pour
résumer nos impressions ; et ce n’est qu’en nous rapprochant
que nous essayons de discerner quelques points
faibles au milieu de ses arêtes, de ses couloirs, de ses vires
ou de ses parois formidables, de ses glaciers abrupts ou
surplombants, de ses pierriers ou de ses précipices. Mais
plus nous l’étudions, plus nous scrutons, à l’oeil nu ou à la
jumelle, ses parties ombrées ou ensoleillées, et plus nous
nous rendons compte qu’il ne se livrera pas à la première
attaque.
Nous ne nous attardons d’ailleurs pas trop à l’examiner :
la route est encore longue jusqu’à l’étape, et la neige qui recouvre
maintenant le glacier de Godwin-Austen absorbe suffisamment
notre attention pour faire remettre à plus tard
une étude plus approfondie.
Nous traversons plusieurs moraines centrales, dont les
crêtes émergent de la
neige ramollie et fatigante
à brasser ; en passant du
JBaltoro, encombré de débris
morainiques, à. son
affluent, les conditions de
la marche ne semblent
guère améliorées. Nous
finissons cependant par
trouver une vague glacée,
arrondie, recouverte d’un
cailloutis plus égal, où
nous avançons moins pé- ne..) vue au s. e. du camp vm.
niblement. De temps à BndePeak.
autre, une flaque de neige détrempée recouvre encore les
pierres, mais les traces des caravanes précédentes ont
ébauché un rudiment de chemin. Nous traversons le confluent
du premier tributaire, sans nom, de la rive droite de
notre glacier, et découvrons au,pied d’une sommité abrupte,
qui limite ce tributaire au nord, l’emplacement qu’ont occupé
les deux caravanes précédentes.