temps gris au-dessus de nos têtes est là pour nous démontrer
que ce n’est qu’une illusion de la rétine, et que
les couleurs complémentaires ne suffisent pas toujours à
vous faire voir « la vie en rose ». L’orage cependant n’est pas
de longue durée et, dans la soirée, nous sortons encore pour
jeter un coup d’oeil sur la vallée, resserrée au-dessus de nous
en une magnifique gorge que nous remonterons demain.
Quelques caravanes de Thibétains, venant du Ladak, font
déjà leur apparition sur le chemin ; ils n’ont peut-être pas
traversé récemment le liarakorum, mais le type est si
accusé qu’il ne peut y avoir de doutes sur leur origine. L’un
d’entr’eux, jeune homme de 15 ou 16 ans à peine, s’arrête
auprès de nous, et incontinent se met à donner quelques
coups de main à la cuisine. Le lendemain, il nous demande
de rester avec nous, ce à quoi Eckenstein consent sur
la foi seule de sa bonne mine. Hassan, «le petit Hassan »,
ou encore « Napoléon », devient rapidement le plus
choyé de nos domestiques, malgré un certain air sauvage
et peu communicatif : son jeune âge, sa bonne volonté à
rendre toujours service, son endurance, sa soumission cort.
Plus tard, le jour
où nous sommes
obligés de chasser
nos cuisiniers infidèles,
il achète de
l’un d’eux la livrée
fournie à Srinagar,
entr’autres le pagri
(turban), qu’il convoite
depuis longtemps
; mais, lorsqu’il
vient tout glorieux,
selon la coutume,
saluer et se
faire admirer, il ressemble
d’une façon si frappante au « Petit caporal » avec
son bicorne en bataille, qu’instantanément chacun en fait la
remarque, et
que le nom lui
en reste sans
qu’il en devienne
pour
cela plus belliqueux
!
(4a.) Basmaï1 Sfi».
En quittant
le camp,
nous entrons
presque immédiatement
dans
une magnifique
gorge dominée
par les contre-
forts du Basmaï
Stn. De formidables
couloirs, remplis
tie de neige d’avalanche,
quels elle s’est accumu- (43.) Shuttran Nag's.
jencore en par-
au bas des-
lée en cônes
de dix à douze mètres d’épaisseur sur plus de cent mètres
de front, descendent d’un seul trait du sommet de la mon