Dans la soirée, le missionnaire Gustavsen nous rend
visite, et nous avons un singulier plaisir à retrouver un
Européen.
Le 25, nous descendons le Shigar Ri ver.Sur un nouveau
tzack, assez grand pour Eckenstein, Knowles, Crowley et
.moi, plus un de nos chicaris Abdulla Bat et le petit vazir
d’Alchori, qui tient à nous accompagner jusqu’à Skardu ;
quatre radeleurs enfin, à l’air un peu moins pirates que les
autres forment l’équipage. Les outres sont plus étanches, et
d’une traite, mais
à une allure beaucoup
plus lente,
nous atteignons le
confluent de l’In-
dus. Les bateliers
prennentle radeau
sur leurs épaules
et nous remontons
pendant un quart
d’heure le bord du
fleuve, puis le traversons
pour
: . „.. . . aborder sur une (202.) Sous la tente, a Sliigar. ,
plage de sable; une
demi-heure, plus tard nous arrivons à Skardu.
Les rajahs prévenus- de notre, retour s'empressent, de
venir nous saluer-et nous, envoient du thé, des fruits, et
une.quantité de légumes particulièrement bienvenus.
Nous allons chez le Tahsildar, dont les bons offices nous
ont été si précieux, le remercier chaleureusement entre
autre de la ponctualité avec laquelle il nous a fait parvenir
la correspondance d’Europe. En échange, il nous demande
une consultation médicale et un certificat, à l’aide duquel il
espère être déplacé et retourner dans le Pendjab, son pays
d’origine.
Un courrier volumineux nous attend à la poste, et nous
passons une partie de l’après-midi à y répondre ; trouvant
enfin des timbres et des cartes en suffisance, nous en faisons
une débauche. Eckenstein se rend au télégraphe pour envoyer
de nos nouvelles en Europe, et demander à Srinagar
de l’argent pour payer les coolies qui sont restés avec nous
sur le glacier et qui nous ont accompagnés jusqu’ici.
Nous achetons, à un prix dérisoire, beaucoup de. châles
en pashmina, et des tapis de feutre en partie d’origine thibé-
taine. Nous trouvons aussi du sucre et même, chez notre
avisé boutiquier, du lait condensé suisse !
Crowley ne voülant pas attendre que l’argent soit venu,
se décide à partir le surlendemain, me priant de l’accompagner.
Nos camarades n’y voient pas d’inconvénient et, le
27 août, nous quittons Skardu, à cheval, pour les plateaux
du Deosaï. Nos bagages
sont également
chargés sur
des poneys, et c’est
maintenant à grandes
chevauchées
que nous gagnons
le Cachemire,
En deux jours,
nous remontons à
4000 mètres, sans
fatigue, mais un
peu éprouvés par
(203.) Crowley, en « punclio ».
la cure de fruits
de ces derniers temps. — il règne très fréquemment dans
l’Himalaya, à l’époque où la villégiature bat son plein, une
curieuse maladie que les Anglais nomment la hill-diarrhée,
et qui n’apparaît qu’au-dessus de 1500 mètres. On prétend