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manifeste par toutes sortes de passe-temps auxquels on ne
se livrerait jamais en public sur le continent : jeux sur le
pont, exercices athlétiques, courses, sauts, luttes.
Je mets aussi à profit le bon vouloir du boulanger du
bord, charmé qù’un passager s’intéresse à sa profession : il
m’initie à tous ses petits secrets de métier, qui n’en sont
bientôt plus pour moi ; je tiens en effet à perfectionner un
apprentissage commencé en Suisse, et destiné à suppléer
éventuellement à l’incompétence de nos futurs cuisiniers.
Le reste du temps, on joue force parties d’échecs ou de
cartes, ressource des mauvais jours et prélude de plus
nombreuses encore, pendant les longues semaines d’inaction
sur le glacier.:
(2.)' Canal de à Port-Saïd. «OUS aVOUS tOUt lîeU
de nous en féliciter :
une partie des colis, expédiés directement de Londres par
mer et qui devaient nous précéder, n’arrivent qu’au moment
où nous allons lever l’ancre ; on les transborde rapidement,
de sorte que nous n’avons pas, jusqu’à Rawal-Pindi, à subir
d’autre retard du fait, des bagages.
A Port-Saïd, le Canal de Suez est assez élargi pour que
les plus grands navires puissent évoluer à l’aise, et il n’est
pas rare d’en voir à l’ancre jusqu’à 50 à la fois, tous de fort
tonnage, en train d’embarquer ou de débarquer des montagnes
de marchandises.
Le canal se prolonge dans la Méditerranée par deux
jetées; celle de l’ouest (ou africaine;), plus longue, sert de
promenade aux désoeuvrés ; vers son extrémité, une belle
statue de F. de Lesseps rappelle le souvenir de l’ingénieur.
Une demi-heure de flânerie à terre suffit pour se faire
une idée générale de la ville, de la rue de la P o s te /l’artère
principale où sont quelques magasins, de tabacs principalement,
et du quai, où grouille toute une, population
cosmopolite, écume de la Méditerranée, e t où.se trouvent
les agences des principales compagnies de navigation.
A une heure, on quitte le port proprement dit pour s’engager
dans le canal. Après dîner, tout le monde est sur le
pont pour contempler cette oeuvre, unique jusqu’ici, oeuvre
d’art qui a révolutionné les rapports de l’Europe avec
1 Orient, qui amis l’Inde à douze jours de Londres et ouvert
la moitié-d’un continent à la civilisation.
Malgré les mille détails qui attirent le regard, on éprouve,
à la vue de cette immense voie ouverte au sein du désert, de
la plaine stérile et sans fin, une impression d’unité intense.
Les lagunes, où fourmille une quantité prodigieuse de
gibier à plume des plus variés : ibis rosés, pélicans, oies,
canards, sarcellés, bécassines ; les vols innombrables de
grues cendrées ou d'ibis, passant au-dessus de nos têtes en
défilant dans un ordre absolument symétrique et évoluant
comme un régiment à la parade ; un petit chemin de fer qui,
de Port-Saïd, gagnelsmaïlia, pour rejoindre la ligne principale
du Caire à Suez, en longeant la rive africaine du canal ; une
drague énorme, réparant à mesure les dégâts causés par
le passage des gros navires et rejetant sur la berge les
matériaux puisés au fond du canal afin d’en maintenir