coolies qui se plaignent de conjonctivites, nous partons à
7 7 a heures pour rejoindre si possible Growley encore aujourd’hui.
Nos hommes avancent à une belle allure et, malgré leurs
chaussures sans clous et sans talons, ne font pas le moindre
faux pas sur les pentes gelées des énormes vagues du glacier.
Il est maintenant complètement débarrassé de pierres,
mais ne présente pas moins d’irrégularités; de toute nature ;
(i63.) Le Bride Peak, vu du Camp VIII.
les crevasses, toutes transversales, ne sont pas très difficiles
à enjamber ; par contre, d’énormes protubérances de glaco
alignées très régulièrement en magnifiques allées dans lesquelles
on circule comme dans un vaste Campo Santo, où
toutes les tombes seraient de marbre blanc, nous obligent
parfois à de grands détours. Au bout d’une heure déjà, la
neige, qui au début était excellente et parfaitement gelée, se
ramollit et devient de plus en plus pénible.
Quelques-uns de nos porteurs ont chaussé des sandales
de paille, qui adhèrent très bien sur la neige gelée ou sur la
glace ; ils jettent cependant des regards de convoitise à nos
souliers de montagne, garnis de clous, chose inconnue à la
plupart d’entre eux.
Un peu avant d’arriver au parao que Pfannl et Wessely
ont quitté ce matin, et qui est situé exactement sous le sommet
du Chogori, la neige est en si mauvaise condition que
nos coolies, qui jusque-là ont marché en rangs serrés et
sans perdre les distances, commencent à s’égrener le long
(164.) Halte de coolies, au-dessous du Camp IX.
du chemin ; ils nous font sa/voir, avant le camp déjà, cju ils
renoncent, malgré les avantages que nous leur avons offerts,
à poursuivre plus avant aujourd’hui. Nous ne pouvons les
obliger à marcher contre leur gré et, après tout, nous en
sommes quittes pour remettre à demain le plaisir de rejoindre
nos compagnons, bien que nous eussions pu, moyennant
quelques haltes, parvenir jusqu’au camp X; nous ne sommes
donc pas autrement fâchés de ce qui arrive.