perdre de temps à la chasse, pour ne pas retarder de ce fait
I expédition ; aussi, jusque dans la vaille de Shigar, nos fusils
restèrent-ils dans leurs boîtes.
C’est ici que nous quitte l’officier anglais, après nous
avoir servi d interprète dans une consultation assez pénible.
II s’agissait de la femme du lambadar de l’endroit, se trouvant
dans un état si «intéressant»l) qu’une opération seule pouvait
l’en délivrer ; la femme ne parlait que le thibétain, son
mari comprenait un peu l’hindoustani, et Eckenstein me
traduisait les renseignements que lui donnait l’officier anglais.
Ne pouvant l’opérer moi-même, je lui conseillai de se
rendre à 1 hôpital, à Leh, à huit jours de marche environ de
Karbu ; elle s’y serait
volontiers décidée,
si leur religion
n’était venue
se mettre à la traverse
: elle était
hindoue, et les médecins
et le personnel
de Leh, musulmans;
en outre,
son mari, qui eût
dû l’accompagner
pour lui préparer
sa nourriture, ne
tii.) Pont sur le Uras à Kirkitschoo et Kantlii S»J.
pouvait quitter son poste sans autorisation, de sorte qu’avant
quinze jours, cette malheureuse courait le risque de ne recevoir
aucun soin ; je lui laissai quelques médicaments pour
lui faire prendre patience.
Nous vîmes arriver avec délices la fin de l’étape suivante,
qui, sans être aussi pénible et aussi longue que celle du jour
précédent, nous éprouva fort ; le sentier ne suit jamais l’ho(
’) Gravidas extra-uterina.
rizontale : il descend rapidement au bord de la rivière, pour
remonter tôt après à 150 ou 200 mètres, au milieu des pierres
et du sable, où, çà et là, quelques thuyas seuls mettent un
peu de verdure. A cette époque de l’année, ces conifères sont
chargés d ’une quantité énorme de pollen, et le moindre
souffle en emporte des nuages, qui donnent à l’atmosphère
une odeur de résine très forte et point désagréable.
En face de Kirkitchoo, le sentier bifurque : pour gagner
la vallée de l’Indus et Skardu, il faut traverser le Dras sur
(02.) Policlinique sous les abricotiers.
un nouveau pont que ne porte pas encore la carte. Wessely,
qui marchait souvent en tête de la colonne, n’ayant pas remarqué
la bifurcation, continua dans la mauvaise direction,
sur Iiargil et Leh, jusqu’au moment où, ayant découvert les
coolies de l’autre côté- de la rivière, il se décida, non sans
maugréer, à revenir en arrière.
Enfin, entre 11 h. et midi, à Hardas, nous nous étendons
confortablement et voluptueusement à l’ombre des abricotiers,
des amandiers aux fruits déjà noués, des pommiers
et des cerisiers en fleurs, tandis que le sol recouvert de blé
d’un pied de haut contraste agréablement avec les pierriers
de tout à l’heure.