Dans le fond des vallées, et spécialement au début du
voyage, nous avions adopté des espadrilles très légères, mais
dont les semelles de ficelle s’usaient assez rapidement; nous
avions aussi essayé les « chaplis», souliers indigènes également
très légers, et cpie les Anglais portent volontiers dans
le Cachemire; mais nous avions fini par les réserver pour
les abords du campement.
Nos coolies marchaient toujours pieds nus, même dans
les moraines ou dans les plus effroyables pierriers.
Pour le glacier cependant, nous avons exigé qu’ils eussent
chacun une paire de bottes qu’ils confectionnent eux-
mêmes avec de la peau de mouton, poil en dedans, et auxquelles
ils ajoutent des semelles de plus en plus nombreuses
à mesure qu’elles s’usent, en se gardant bien d’enlever 1 ancienne;
mais le plus souvent ils les portaient sur les épaules,
et ne les adoptèrent définitivement qu’une fois arrivés dans
la neige ou sur la glace dégarnie de moraines. Encore, au
camp, s ’empressaient-ils de les enlever pour se chauffer les
pieds sur les pierres, quand il y avait du soleil.
Les piolets étaient de deux modèles différents : ceux du
modèle courant, adopté généralement par les alpinistes
suisses et autrichiens, ne nous ont Servi que dans les occasions
importantes; les autres, beaucoup plus petits et plus
courts, construits sur les indications d’Eckenstein, ont été
nos fidèles compagnons durant tout le voyage sur le glacier.
Les crampons, forgés en Angleterre sur un modèle fourni
aussi par Eckenstein, devaient présenter certains avantages
sur les crampons tyroliens; mais nous n’eûmes jamais l’occasion
de les employer.
Nos cordes de manille étaient d’origine anglaise, et de
différentes grosseurs,.marquées du fil rouge à l’intérieur ;
nous en avions emporté une très grande quantité en prévision
de la traversée des torrents de boue, et avec l’idée de
nous en servir pour hisser au moyen de poulies les bagages,
les tentes et autre matériel de campement, une fois arrivés
au-dessus de 6000 mètres, pour l’assaut final.
Nous avions deux espèces A'appareils photographiques :
des Kodaks à pellicules et des vérascopes Richard à plaques
orthochromatiques de Lumière. Pour la pose, j’employais
presque toujours un écran jaune très foncé.
Toutes les illustrations de ce livre sont des agrandissements
de clichés du vérascope de 45mm de côté.
Les plaques et pellicules étaient enfermées dans des boîtes
en fer soudées et étanches, et ne furent développées
qu’au retour, plusieurs douzaines, plus de dix mois après
leur exposition.
A plusieurs reprises, en retirant les plaques de leur châssis
métallique, il m’arriva de constater une lueur électrique,
produite par le frottement du verre sur la tôle ; ce phénomène
était d’autant plus intense que l’air était plus sec et
que je retirais plus brusquement la plaque de son châssis.
Dans certaines localités, la lueur fut si vive que je craignis
de voir ma gélatine se voiler au développement ; pour être
en mesure de contrôler la chose, je fis entrer et sortir vivement
et à plusieurs reprises un certain nombre de plaques,
soigneusement numérotées, de manière à obtenir le maximum
d’effet possible ; elles m’ont donné d’aussi bons clichés
que celles qui avaient été traitées avec plus de ménagements.
Résultat utile à enregistrer.
Pour le développement de ces plaques orthochromatiques
posées, j’ai employé la formule suivante :
Hydroquinone............... 7,5
Iconogène.......................
Sulfite de soude............. .. 25,0
Carbonate de potasse... .. 50,0
Eau ad.............................. .. 1000,0