tience, lui administre une correction et le renvoie à ses besognes
domestiques.^Mais il ne se tient pas encore pour
battu : de plus en plus mielleux, il vient réclamer un certificat
attestant qu’il nous a fourni le nombre d’hommes voulu,
et que nous sommes satisfaits de lui ; Eckenstein lui délivre
une pièce en anglais, détaillant par le menu sa conduite indigne
! En même temps il écrit au Résident pour lui rendre
compte de ce qui s'est passé dans ce village. Croyant enfin
avoir obtenu ce qu’il désirait, notre lambadar pousse l’effronterie
jusqu’à réclamer un pourboire, comme nous avons
l’habitude d’en
donner à ceux dont
nous voulons reconnaître
les bons
offices; devant tant
d’impudence, la
colère fait bondir
Eckenstein, qui,
s’armant d’un bâton,
se met en devoir
de lui administrer
la plus belle
ü , 0 , volée que lambadar (60.) Sur la route de l’Indus.
ait jamais reçue ;
sans demander son reste, et comprenant enfin qu’il s ’attire
une vilaine affaire, il décampe de son pied le plus léger, et
ne reparaît plus de la soirée.
Enfin débarrassés de cet encombrant personnage, nous
pouvons procéder à l’enrôlement de nos nouveaux coolies,
aussi bien disposés que n’importe lesquels à profiter d’une
aubaine qui ne se renouvelle pas toutes les années.
Mais la nuit vient, et finalement ce sont les malades de
l’endroit qui pâtissent des agissements de leur grand maître;
il est trop tard pour m’occuper encore d’eux ; chacun se retire
sous sa tente et va chercher un sommeil réparateur.
Autant cette étape nous a paru pénible, autant la suivante
est agréable : 12 milles seulement (19 km.), dont la
première partie horizontale, pendant plus d’une heure, ce
qui ne nous est pas arrivé depuis Dras.
Vers 8 heures, nous arrivons au confluent de notre rivière
avec VIndus, touchant enfin au fleuve d’antique célébrité,
objet de nos conversations depuis bien des jours. Pendant
quelques milles, nous le suivons à quelques mètres au-dessus
(66.) Première apparition de 'l’Indus.
de l’eau. Pfannl et Wessely ne peuvent résister à la tentation
dé prendre un bain; mais l’eau est trop jaunâtre et surtout
trop froide pour qu’ils s’y délectent longuement.
Le spectacle, tout différent de ce que nous attendions, n’en
est que plus impressionnant. La vallée est éclairée à contre-
jour, et les hautes montagnes qui la limitent à l’est se détachent
sur le ciel en un profil uniformément sombre ; le fleuve
est resserré entre des parois abruptes, couvertes de débris
d’érosion et d’anciennes moraines, attestant la puissance des
glaciers qui devaient occuper tout le fond de la vallée à une