déchargent le radeau, le sortent de l’eau et le hissent sur
leurs épaules.
Nous avons enfin la clef du malentendu : il n’y a qu’une
Seule embarcation àYuno, de sorte que ses propriétaires
sont obligés de lui faire faire plusieurs fois la navette pour
transporter tout le monde. C’est avec le plus vif intérêt que
nous assistons maintenant
à cette opération,
assez longue : en
effet, nos radeleurs
doivent remonter la
berge fort haut, plus
haut que notre point
de départ, pour atterrir
devant nos gens, et se
(198.) Le « tzack» à l ’eau sur
le Shigar River.
lancer de nouveau à
l’eau. La manoeuvre se
répéta trois fois ; et,
quoique ces- braves
fissent tout au pas de
course, il fait presque
nuit quand tout le
monde a passé.
De nouvelles complications
surgissent, m Le’; \ JËtzaok „ au bord de nndus.
toujours du fait de l’incompréhensible
dialecte de cet endroit ; mais tout finit
par s’arranger, et nous voilà campant à l’endroit où nous
avons débarqué.
Bientôt arrivent quelques vivres du village ; en attendant
le souper, nous séchons les objets mouillés par la traversée.
Nos bateliers viennent réclamer leur salaire, en se disposant
déjà à démonter leur radeau ; nous leur faisons comprendre
que nous entendons aller jusqu’à Shigar, et que ce
n’est que là qu’ils toucheront leur argent; ils essayent d’insister,
mais en vain, et force leur est de vider les lieux sans
monnaie.
Le lendemain de bonne heure ils sont de nouveau là,
ayant eu l’heureuse idée d’apporter de nouvelles outres ; de
(200.) Les routes qui marchent.
sorte que, sans être plus grand, le radeau flottera mieux et
peut-être plus longtemps.
Nous nous préparons une kilta, qui servira de siège pour
la traversée ; et, pendant qu’on lève le camp et que nos porteurs
partent à pied pour Shigar, Crowley et moi, flanqués
de nos quatre rameurs, prenons place au milieu du radeau
qui démarre aussitôt sans secousses.
Nous voilà voguant sur le Shigar River, jouissant du bonheur
de voir tranquillement défiler le paysage sous nos yeux.