nous esquissons quelques pas, qu’il tient à faire sans aucun
aide; il va sans dire qu’il ne peut aller bien loin sans être
soutenu. Je prends à la hâte quelques photographies du
cirque où fut placé le XII'ne camp, le plus élevé qui ait jamais
été établi jusqu’il présent, et nous partons.
Au début de la descente, on n’avance que très lentement;
il faut s’arrêter tous les vingt ou cinquante pas pour reprendre
haleine; mais peu à peu l’allure devient meilleure
et le courage renaît. Nous profilons des haltes pour examiner
le cirque qui nous entoure ; les nuages, malheureusement,
ne permettent pas de l’embrasser dans son ensemble, mais
ils se déplacent avec une rapidité telle que nous finissons
par nous faire une idée exacte de la topographie de la région.
Pas n’est besoin d’un long examen pour se rendre compte
que toute tentative d’ascension est parfaitement inutile de ce
côté : il est impossible de trouver, pour des coolies plus ou
moins chargés, un point faible dans le dédale de couloirs,
d’arêtes, de crêtes et surtout de précipices qui hérissent ou
creusent d’un revêtement fantastique le vaste hémicycle que
domine à l’orient le Staircase Peak. Je ne connais nulle part
dans les Alpes, de gorges ou de cirques qui puissent donner
la moindre idée de cette effroyable pente ; pas même la face
du Mont-Rose qui domine Macugnaga, ou le versant sud du
Mont-Blanc vu de Courmayeur. Le sommet que nous avons
escaladé il y a une semaine, s’abaisse de ce côté par une
série de pentes glacées coupées de bancs rocheux transversaux
qui défient toute escalade; et, au nord, le fond du cirque
est barré par une muraille, le plus souvent à pic, au
milieu de laquelle font saillie quelques arêtes secondaires
limitant des couloirs où le plus téméraire des grimpeurs ne
songera jamaisà se risquer.
En un mot, personne ne montera jamais au Chogori par
la brèche du Staircase Peak ! C’est à cette conclusion que
nous arrivons, en débouchant enfin sur le glacier principal,
au-dessus du.campXI.
Les coolies qui nous ont devancés atteignent le camp à
temps pour dresser
la tente et la préparer
à recevoir notre ma-
lade ; malgré sa fai-
blesse, il a fait preuve I
d’une endurance peu ¡¡ly ¥&* -
commune. En atten- $¡¡#0
dant de le transporter ' ÿgj . *.
plus bas, il s’agit de w È Ê jf p j’
(180.) Chogori, vu du Camp XI.
le soigner aussi bien
qu’on peut le faire, au
milieu des neiges et de
la tourmente, sur une
couchette de liège et
d’édredon, en le réconfortant
par des aliments
(181 et 182.)
en conserve ou du bouillon
Liebig.
Cet hôpital rudimentaire
est pourtant suffisant
pour amener lentement
une amélioration,
malgré quelques nuits
pénibles et un curieux
délire, de courte durée
-, _ Départ de Pfannl’en traîneau. heureusement. La fièvre
fut, durant cette grave maladie, à peu près nulle ; jamais
le thermomètre ne dépassa 37»,5.