A première vue, toutes les villes de l’Orient paraissent se
ressembler. Mais Srinagar, à 1600 m. au-dessus de la mer,
au pied des montagnes les plus hautes du monde, exposée à
subir en'été les chaleurs'subtropicales qui transforment ses
jolis lacs, ses rizières et
ses plaines marécageuses
en foyers innombrables
de moustiques, tout en
donnant à la végétation
une exubérance extraordinaire,
est loin d’être
comparable aux nombreuses
villes qu’on se représente
(a3.) Rives du Jehlum, au
centre de la ville.
comme types
de cités .orientales.
En revanche, on
est irrésistiblement
Í22.) Palais du Maharajah
à Srinagar.
{24.) Terrasses au bord du fleuve. frappé de sa ressemblance
avec.... Venise
: ses nombreux canaux, la vie intense qui les anime,
ses habitations au bord de l’eau, surélevées juste assez
pour n’être pas inondées par les crues fréquentes et souvent
formidables du Jehlum, les rivés du fleuve et des canaux en
belle maçonnerie, malheureusement mal entretenues, tout
force l’imagination à un rapprochement entre ces deux villes
si éloignées ; l’illusion est complétée par une promenade en
petit bateau sur le fleuve, qui peut être à la rigueur assimilé
au « Ganale Grande » avec ses gondoles.
Pourtant, que de différences! Là, les richesses artistiques,
les palais de marbre, formant comme un tableau synoptique
de tous les styles architecturaux antiques et modernes; l’in-
(25.) Taklit-I-Soliman.
fini de la mer, les couchers de soleil sur la lagune; mais
aussi, l’absence de verdure, le calme et le silence qui semblent
envelopper Venise. Ici, les cris que l’exubérance orientale
fait surgir de la foule des bateliers, la végétation luxuriante
de la grande plaine, des alpenglühen merveilleux sur
une couronne incomparable de montagnes : de quelque côté
que l’on se tourne, les premiers plans, partout pittoresques,
sont encore rehaussés d’un fond sombre ou lumineux, souvent
sévère, parfois gracieux, grandiose toujours.