trois journées de marche, jusqu’à Skardu, ne se sent aucun
goût à remonter encore à 5400 mètres. Chez moi aussi,
la paresse l’emporte sur le plaisir de voir encore quelque
Chose de nouveau ; nous laissons Eckenstein et Knowles repartir
pour les hauteurs.
Encore un jour à la source pour finir de nous débarrasser,
par une lessive radicale, de la vermine qui nous a envahis
de toute part, et le 21 nous reprenons le chemin de la vallée
en suivant exactement le trajet de la montée; les torrents de
boue, à sec depuis
quelques jours, ne
présentent pas de
difficultés. Enfin,
à l’étape de Gom-
boro, nous trouvons
les abricots et
les pommes dont
nous nous réjouissons
depuis si longtemps
de faire une
débauche.
(196.) A Gomboro : passage à gué d’un affluent du Bratdoh. 11 a S S O , xU TÍ
vière ne se prête
pas encore à la navigation, et nous devons allep jusqu’à Yuno.
Cette dernière journée, malgré l’obligation de remonter à plus
de 400 mètres au-dessus de la rivière par u ne chaleur intense,'
est des plus agréables ; pressentant la fin de nos misères,
nous marchons d’un bon pas, malgré les galets et le sable.
Un homme avait été envoyé la veille pour faire savoir à
Yuno notre intention d’avoir un radeau ; en arrivant à peu
près en face du village, nous trouvons effectivement quatre
individus au bord de la rivière, mais nous cherchons en vain
leur esquif: qu’est-ce à dire? Nous finissons par découvrir
une claie d’osier au-dessous de laquelle se dissimulent une
douzaine d’outres plus ou moins gonflées : est-ce là notre
radeau pour un cours d’eau aussi rapide? Il ne mesure pas
plus de deux mètres carrés ; faut-il nous y hasarder ?
A l’air rassuré de nos Baltis, nous nous laissons convaincre,
et confions à ce frêle esquif nos précieuses personnes
et nos non moins précieux.bagages.
De longs pourparlers s’engagent encore entre nos domestiques
et les radeleurs : il doit y avoir un malentendu ; mais
leur patois est difficilement compréhensible, même pour
(197.) Confection du «tzack».
nos gens, de sorte que nous nous en remettons à notre
bonne étoile. Crowley et moi prenons place sur une valise
installée au milieu du radeau, et nous voilà voguant un peu
à la dérive, emportés par un courant dont nous jugeons de
la violence à la rapidité avec laquelle fuient de chaque côté
les falaises de la rivière.
Nous passons comme une flèche devant Yuno, pour
aborder sur la rive gauche un kilomètre au-dessous du point
.de départ, à quelque distance du village. Là, nos hommes