car l’étape que nous venons de faire est une des plus longues
et des plus pénibles de tout le voyage ; il a de nouveau
un peu de fièvre et des maux de tète : premiers symptômes
du mal de montagne, mais dus à l’influenza plus qu’à l’altitude,
car nos camarades n’ont rien ressenti de semblable ;
pour moi, je me porte aussi bien qu’on peut le désirer, et
jusqu’à présent personne ne s’est plaint de la raréfaction de
l’air. Pourtant, nous nous maintenons toujours au-dessus
de 4000 mètres.
Le professeur Suess, de Vienne, avait demandé à Pfanni
de résoudre un
certain nombre de
questions géologiques,
parmi lesquelles
se trouvait
celle de savoir s’il
existait du calcaire
et en général des
dépôts sédimen-
taires des périodes
antérieures aux
grands soulèvements
qui ont fait (ï46.) Mitre Peak, vu de Biange. de la chaîne de
l’Himalaya ce qu’elle est actuellement.
C’est à ce parao de Biange que nous pouvons enfin résoudre
cette intéressante question, en découvrant de belles
couches du marbre le plus pur, soit blanc, soit légèrement
bleuté, recouvert à son tour d’autres couches d’une pierre
très friable, assez semblable d’aspect aux dépôts de sable
vitrifiable,à tel point que pendant longtemps je crus avoir
mis la main sur un trésor; après analyse, je fus forcé de
convenir que ce quartz était du vulgaire calcaire. Vulgaire !
une roche dont la présence, dûment constatée, permet de
résoudre des questions géologiques de première importance
? Laquelle a le plus de valeur, de la découverte qui
permet d’enregistrer un fait intéressant pouvant enrichir la
science pure, ou de celle qui ne fait le compte que d un
groupe de spéculateurs?
Le parao de Biange est, comme les précédents, au bas
d’un vallon latéral,
petit glacier qui,
■ pareillement à
tous ceux au pied
desquels nous
avons passé, est
en crue manifeste ;
partout le front de
ces glaciers dé-
(147.) Gusherbrum, vu
de Biange.
borde la moraine
terminale, et à
chaque instant se
détachent des
blocs de toutes dimensions.
La ligne
9HSSSiÉii
de démarcation
entre la glace et la (148.) Vallon calcaire, près de Doxam.
partie supérieure
de la moraine est marquée d’un trait noirâtre, indiquant la
fonte de la glace au niveau morainique.
L’importance de cette remarque, générale à tous les glaciers
du bassin du Baltoro, Réchappera pas à ceux qui s’occupent
des phénomènes glaciaires, et en particulier de leurs