Haramoolc dresse ses 5000 mètres de l’autre côté de la vallée
et s’éclaire des feux du couchant, donnant au paysage un
aspect grandiose qui ira d’ailleurs toujours en augmentant à
mesure que nous monterons.
Le lendemain, Crowley et Knowles nous rejoignent à
8 heures et, après quelques pourparlers avec le tahsildar du
village, nous nous acheminons sur Kangan, la seconde
étape. Jusque là la route est très bonne et nous avançons
rapidement, passant de jolis villages enfouis dans la verdure,
ayant de nouveau quelque analogie avec.ceux de la vallée de
Bagnes. Nous traversons le Sind, et resterons sur sa rive
droite pendant trois journées.
Kangan n’est qu’un petit hameau, où nous échangeons les
poneys contre nos coolies. A peine engagés, ils se précipitent
sur les charges pour les soupeser, puis viennent prendre
leurs billets ; après quoi on ne s’inquiète plus d’eux jusqu’à
l’étape. Une partie de ces hommes resteront avec nous jusqu’à
Dras, de l’autre côté du col, attendu que la partie supérieure
de la vallée ne peut pas fournir un nombre de porteurs
suffisant.
Les maisons sont recouvertes de bardeaux, sur lesquels
on applique une couche de terre destinée à protéger l’habitation
contre les
flammèches^en cas
d’incendie dans le
voisinage : coutume
intelligente
qu’on devrait bien
adopter dans la
plupartdes villages
de nos montagnes,
où les sinistres sont
encore si fréquents
et si terribles ; elle
(3q.) Vallée du Sind, avant Goond. existe déjà à Sri-
Sgi 69 H
nagar, où il est très curieux de voir toute une ville couverte
d’une multitude de jardins, car, bien entendu, on n’empêche
pas l’herbe d’y croitre.
La vallée du Sind est la plus riante, la plus verte, la mieux
cultivée du Cachemire après celle du Jehlum. Partout où un
torrent amène un peu d’eau dans la vallée, elle est captée
et dirigée à travers le pays au moyen de « bisses » absolument
identiques à ceux du Valais, et dont le trajet est peut-
être encore mieux visible, car, au-dessus,.ce ne sont que
rochers et terre brûlée, tandis qu’au-dessous, champs en
terrasses, prairies, jardins et arbres fruitiers donnent au
paysage une teinte riante et reposante.
Les hautes montagnes, aux sommets encore couverts de
neige, s’élancent souvent d’un seul trait à des hauteurs qui
nous donnent une impression de grandiose, absolument
nouvelle.
A l’étape de Goond, nous passons la nuit dans une hutte
en construction,
qui paraît destinée
à devenir un petit
dak-bungalow ;
nous y enrôlons,
quelques porteurs
pour remplacer
ceux qui ne veulent
pas passer le
col du Zoji-la.
A celle de Ga-
gaughia, un orage
éclate sur nos têtes (4q .) A Gag'angliia, premières tentes.
au moment où
nous arrivons à l’étape, et, pour la première fois, nous
dressons les tentes, un peu en dehors du village. Leur
teinte verdâtre donne à nos visages des airs cadavériques ;
en soulevant la portière on voit tout en rouge ; mais le