que bien des descriptions : dans toutes ces vallées, où la
population est sédentaire, la propriété est en commun ; les
habitants cultivent.les terrains de concert et se partagent
proportionnellement les produits du sol.
Il;existe bien des vallées où aucun Européen n’a pénétré
depuis 50 ans, et, à part quelques vieillards qui se rappellent,
encore le passage des topographes, la population ne sait pas
cé qu’est un homme blanc.
(79.) Skardu.
A partir de Skardu, on quitte définitivement les dernières
traces de la civilisation occidentale, représentées en l’espèce
par la poste et le télégraphe ; j’ai parlé de l’une à propos du
Zoji-la ; l’autre est plutôt rudimentaire pour une agglomération
de 20,000 âmes : n’y trouvant chacun que quatre cartes
postales et point de timbres-poste, nous avons dû en faire,
venir de Srinagar, qui ne nous rejoindront que plusieurs
semaines plus tard.
L’Indus, à la hauteur de Skardu, est à 2228 mètres
d’altitude, et le petit observatoire météorologique voisin
de l’un des principaux forts est bâti à une centaine de
mètres plus haut.
Le fait de rencontrer de la vigne, du riz et en général
des produits agricoles analogues à ceux du nord de l’Italie, à
une hauteur qui correspond dans nos Alpes à celle des derniers
pâturages, peut paraître singulier au premier abord ;
mais le Cachemire et le Baltistan sont compris entre les
mêmes parallèles que la Sicile, Malte et la Tunisie. En outre,
le voisinage de l’Indé, malgré la proximité des hauts sommets
et des grands glaciers, exerce encore son influence, en
envoyant à travers l’Himalaya les effluves des plaines surchauffées
du Pendjab.
D’autre part, le climat continental, sans atteindre aux
extrêmes du Thibet et des hauts plateaux de l’Asie centrale,
a déjà remplacé le climat maritime des côtes du Deccan,
où les variations saisonnières sont bien moins considérables.
La ville est assez curieuse : ce n’est pas même un village,
mais plutôt une agglomération de nombreux hameaux, très
petits, groupés à des niveaux différents ; les endroits cultivés
sont séparés les uns des autres par des espaces déserts
ou incultes, le tout réparti sur la surface d’un énorme cône
de déjection qui a refoulé l’Indus à l’est, tandis que, un peu
plus bas, la vallée de Shigar, à son tour, pousse un cône
dans le sens opposé, forçant ainsi le fleuve à faire de vastes
méandres.-
Autour de chaque groupe de maisons s’étalent en terrasses
les champs de céréales, de raves, de pois ou de
pommes de terre, irrigués tous les jours au moins quelques
heures. A chaque maison est attenant un petit jardin potager
avec quelques mûriers ou quelques abricotiers qui atteignent
parfois des dimensions considérables, au tronc de
plus d’un demi-mètre de diamètre, et produisent des quantités
énormes de fruits.