— Nitchevo, affaire de commerce !
En effet, l’icône est encore l’article de marchandise le plus demandé en Russie,
et le temps est encore loin où il.sera supplanté par la Bible, qui certès parlera plus
à l’âme du Moscovite que ces peintures sans art ni onction. Cependant, là encore
un progrès très sensible se manifeste ; il y a une trentaine d’années, un livre était
une denrée rare dans le bazar du Kitaï-Gorod ; maintenant, c’est par milliers de
volumes que Moscou en envoie dans toutes les provinces russes.
L ’empereur Nicolas II, dès, son avènement au trône, a exprimé le désir de voir
le ministre de l’instruction publique se préoccuper tout particulièrement des meilleurs
moyens de répandre l’instruction primaire. Les Zemztvos, pour répondre à
ce voeu, ont, à l ’occasion du couronnement, affecté des sommes Considérables à la
création de nouvelles écoles dans les villages.
En dépit de son air byzantin, Moscou possède une des premières universités
de la Russie ; c’est sa coquetterie, et elle a le droit d ’en être fïère, car le temps n’est
pas éloigné où cette université était un foyer de lumière. Tourguéneff s’est assis
sur ses bancs. C ’est à Moscou qu’ont vécu Gribojedof, Gogol et Ostrovski. Moscou
conserve pieusement la mémoire de ses grands écrivains,,et le Mali-Théâtre de
Moscou est le seul qui constitue un théâtre vraiment national. Si Saint-Pétersbourg
manifeste quelque tendance à devenir « une ville de bureaucrates », Moscou met
son orgueil à être avant tout la ville de l’intellectualité et du sentiment russe.
M o s c o u . — La cathédrale du Sauveur.
S a i n t - P é t e r s b o u r g . — Le tsar Nicolas II sortant d u palais d’Anitchkoff.
SAINT -PÉTERSBOURG
XVI
De Moscou à Saint-Pétersbourg. — Forêts et tourbières;'— Villages industriels.
Fondation de Saint-Pétersbourg. - .Les admirations' de Pouchkine. — L a Néva. - Les îles.
La perspective Newsky. - Description de Neltrassoff. - Églises, monuments, palais et musées
Quartier latin russe. - La maisonnette de Pierre le Grand. - Le Versailles et le Saint-Cloud russes,
"p o u R le Russe du Midi, habitué aux ■ steppes immenses sans forêts et sans
I «cuves, le gouvernement de Moscou apparaît comme un nouveau monde..
Là, partout de vertes forêts reposent la vue ;'dè s régiments de bouleaux blancs,
des armées deisombres-sapins et de pins ferment l’horizon d’un mur impénétrable
où de bosquets entourés de pentes gazonnées.
Des fleuves puissants lèchent de le u ï e a u x bleues les contours sinueux des