trompettes jouent, l’hymne : Boie tsaria khrani, et les hérauts distribuent au peuple
des exemplaires imprimés de la proclamation.
Pendant ce temps, des maîtres de cérémonie spéciaux montent dans des
carrosses dorés pour aller annoncer aux ambassadeurs des grandes puissances le
jour du couronnement. Pour les représentants des puissances de moindre importance,
on se contente de leur envoyer les fonctionnaires ordinaires. Pendant toute
la durée des fêtes, des services d’actions de grâces sont célébrés dans les églises
jour et nuit. Le tsar et toute la famille impériale assistent à la messe dans l’église
du Sauveur, derrière la grillé d’or.
La veille du couronnement, les insignes impériaux sont transportés de la salle
des armes à la salle du trône, où le premier maréchal de la cour les étale sur une
table placée à la droite du trône. Une compagnie de grenadiers de la cour monte
la garde autour de ces objets précieux.
Enfin le grand jour arrive. Dès sept heures du matin, sur un signal, des
troupes sont disposées en deux rangs sur la route que doit parcourir le cortège
impérial.
Simultanément, quatre officiers des gardes-chevaux montent sur les gradins
du trône, les deux officiers supérieurs sur la cinquième marche, les deux
subalternes sur la septième. Ils ont le sabre au clair et tiennent le casque à la main.
Ordinairement, c’est le tsarévitch qui, pendant ce temps, préside aux préparatifs
de la cérémonie dans la cathédrale de l’Assomption. C ’est lui qui, avec ceux
des membres de la famille impériale qui ne font pas partie du cortège, donne
l’ordre à trente-deux officiers de l’état-major de faire porter sur le dernier gradin
du perron rouge le baldaquin sous lequel le tsar et la tsarine se tiendront pendant
le couronnement.
En même temps, les généraux adjudants réunis dans la salle d’or viennent
recevoir le baldaquin des mains des officiers.
Le maréchal de la cour annonce à l’empereur que tout est prêt et que le
cortège peut se mettre en marche, pendant que le confesseur du tsar, escorté
de deux diacres, qui portent sur un plateau d’or l’eau bénite, asperge la route que
le souverain va parcourir.
Ce moment est un des plus solennels de la vie des empereurs de Russie, et
longtemps après l’on raconte encore quelle contenance ils avaient. Ainsi l’on assure
qu’Alexandre III, regardant solennellement tous les assistants, s’écria :
• En route, et à la garde de Dieu !
Tout le clergé de Moscou, revêtu de ses plus somptueux habits sacerdotaux,
marche au-devant du cortège et encense et asperge d’eau bénite les. insignes impériaux.
Le métropolite de Moscou prononce un discours pendant que le métropolite
de Novgorod présente au tsar et à la tsarine la croix à baiser, et que le métropolite
de Kieff les arrose d’eau bénite.
UNE PRO CESSIO N A MOSCOU.