bords de la mer Noire. Des cimes environnantes Ton découvre un beau panorama;
le Demerdji perce le ciel bleu de son pilier décrépit, mais fier et grandiose, qui se
dresse dans l’attitude hautaine d’un roi Lear.
Le Tchatirdague étale haut dans les
airs les plis soyeux de sa robe verte; il est
couvert de vingt mille dessiatines de pâturages
qui verdoient du mois de mars à la
fin d’octobre; à ce moment, les premières
neiges couvrent ses pentes et du haut de
ses cinq, mille pieds un vent glacé descend
et s’engouffre dans la vallée d’Alouchta,
mais la mer
e xh a le la
chaleur, et
bien que le
T ch a tird a gue
s’envelo
p p e de
Route de montagne
près
de Yalta.
neige, les hivernants peuvent
se promener au soleil,
sans pardessus.
D’Alouchta à Yalta
il y a quarante verstes ;
on ne voit durant ce
trajet que les montagnes et la mer. En
quittant Alouchta on traverse des bois, puis
ensuite, jusqu’au terme du voyage, on ne
voit que des vignes. Le vin règne en cette
région de la Crimée, on ne rencontre que
des chevaux chargés de petites barriques -
regorgeant du raisin de la vendange et des
chars remplis de tonneaux pleins du jus de
la grappe fraîchement pressée. Russes et
Tatars, tous les hommes qu’on rencontre
sont invariablement ivres; leurs visages et
C r i m é e . — Yalta et ses environs.
Cascade d’Ou'tchissar.
leurs nez sont rouges, roses, ou bleuâtres
selon, le degré de l ’intoxication. Par-ci pa r-là on y ô it des villages tatars.
Un côté de la rue est plus élevé que la chaussée et chaque maisonnette montre
sa petite galerie ajourée, l’autre côté est en contre-bas et les toits plats des maisons
sont au niveaù de la route. Dans les cours, les galeries et même sur les toits les
femmes tatares vaquent aux soins du ménage, et les gamins tirent la langue aux
passants et les injurient dans leur idiome.
A gauche, des vallées larges' et prlfbndes s’ouvrent vers la mer, deux hautes
montagnes rondes et formées comme des miches de pain surgissent inopinément de
1 eau. L une d elles, l ’Aïou-Dagh, ressemble à un ours endormi, plongeant sa tête
dans la mer et relevant haut sa Cipupe ; après a p p a r t ie n t Goursouff, puis Yalta,
surnommée la Naples de la Crimée, car elle est là plus belle et la plus grande ville
de la rive m é r id io n a le ,youjni-beregue des Russes. A cela^du reste, se borne la
ressemblance d après M. Diedlolï, qui compare plutôt Yalta aux petites villes de la
C r i m é e . — Village tatar.
rive occidentale de l’Asie-Mineure, coquettement nichées comme des perles dans
un coquillage de rochers. La blanche Yalta se montre en sa coquille ouverte sur
la mer, semblable à la célèbre Vénus dans sa conque. Les montagnes entourent
la ville d’un mur élevé et l’abritent des vents du nord et de l’est.
Deux torrents, l’Outchansou et le Derekoï, descendent des sommets et arrosent
la vallée; cé ne sont, d’ordinaire, que de minces filets d’eau que la fonte des neiges
ou les pluies enflent, et qui finissent souvent par sortir de leur lit, submergeant
la ville et dévastant tout sur leur passage. C ’est à eux pourtant que cette vallée
demi-circulaire doit son existence : ces torrents ont creusé les rochers, nivelé le
sol, charrié la terre et formé des protii||ntoires dans la mer.
De 1 extrémité de la jetée de Yalta on découvre un paysage admirable, l ’amphithéâtre
des montagnes se déploie harmonieusement, la sommité principale est
soutenue par de puissants contreforts qui sont couverts de jardins et de plantations
comme d un tapis à dessins variés. En regardant la mer, le demi-cercle se termine
par deux monts, en forme de pyramide, à bases évasées qui disparaissent sous les