68* RUSSIE.
punir, il fallait la soumettre à une épreuve décisive, afin de savoir si réellement
elle était possédée.
De temps immémorial le moujik sait par tradition que lorsqu’un cas d’envoûtement
se présente, il faut passer au cou de la personne envoûtée le collier d’un
cheval, et le jour même, par l’effet d’une puissance surhumaine, l’envoûteur vient
chez sa victime.
La recette est infaillible ; jamais, de mémoire d’hommè, l’expérience n’a
manqué.
Loukeria se mit donc un collier de cheval autour du cou, et tout le village
attendit curieusement le résultat de l’épreuve.
Le lendemain matin, la vieille Daria sortit, comme tous les jours, en quête
d’un morceau de pain. Elle frappa d’abord à la porte de sa soeur, mais celle-ci la
renvoya rudement en la traitant de sorcière. Daria se présenta chez plusieurs
paysans pour leur demander l’aumône, mais partout on la repoussa d’un air
terrifié. La pauvre vieille ne comprenait pas pourquoi tout le monde la rudoyait,
elle se souvint que la vieille Loukeria lui avait donné un gros morceau de painÿ
et elle eut l’idée de retourner à cette maison hospitalière.
On parlait haut dans l’isba et personne n’entendit quand Daria heurta à la
porte. Elle vit Loukeria accoutrée d’un collier de cheval, entourée de plusieurs
paysans, et elle s’avança en tendant la main. Dès que Loukeria aperçut la mendiante,
elle eut une nouvelle attaque d’épilepsie, criant de toutes ses forces au
milieu d’affreuses convulsions :
— Daria m’a ensorcelée... Oh ! elle a fait le malheur de mes pauvres
enfants...
Cette fois la vieille comprit ce dont on l’accusait.
— Mais que Dieu me confonde si je mens! dit-elle, je ne suis qu’une
pauvre mendiante et je n’ai reçu aucun pouvoir ni de Dieu, ni du diable.
L ’épileptique, dans son délire, se jeta alors sur Daria et, enfonçant ses doigts
dans le cou de la vieille femme, tenta de l’étrangler ; mais ses mains lâchèrent prise
et elle tomba en arrière, inanimée et insensible.
— Voyez comme Daria T a ensorcelée ! répétèrent tous les assistants en se
signant; puis, d’un commun accord, ils se ruèrent sur la mendiante, qui regardait
hébétée, sans comprendre ce que lui voulait cette meute menaçante. .
Un moujik la saisit par les cheveux, tandis qu’un autre d’un croc-en-jambe
l’étendait sur le sol, et qu’un troisième lui cognait la tête-contre le mur.
Daria se débattait, hurlait; mais les autres criaient plus fort :
— Va, sorcière du diable, attrape! emporte ça à ton sabbat.
Et les coups de poing et de sabot tombaient drus sur la vieille.
L ’adjoint du starosta entra dans l’isba pour demander ce que signifiait tout ce.
vacarme.
FEMMES KAI.MOUK.e s (CASTE DES PRÊTRES).
MOSQUÉE TA TARE A KAZAN.