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 punir,  il fallait  la  soumettre  à  une  épreuve  décisive,  afin  de  savoir  si  réellement  
 elle  était  possédée. 
 De  temps immémorial  le moujik  sait par  tradition que  lorsqu’un  cas  d’envoûtement  
 se présente,  il  faut  passer  au  cou  de  la  personne  envoûtée  le  collier  d’un  
 cheval,  et le  jour même,  par l’effet  d’une  puissance  surhumaine,  l’envoûteur  vient  
 chez sa  victime. 
 La  recette  est  infaillible ;  jamais,  de  mémoire  d’hommè,  l’expérience  n’a  
 manqué. 
 Loukeria  se  mit  donc  un  collier  de  cheval  autour  du  cou,  et  tout  le  village  
 attendit  curieusement le  résultat de  l’épreuve. 
 Le  lendemain  matin,  la  vieille  Daria  sortit,  comme  tous  les  jours,  en  quête  
 d’un morceau  de  pain.  Elle frappa  d’abord à  la porte  de  sa  soeur,  mais  celle-ci  la  
 renvoya  rudement  en  la  traitant  de  sorcière.  Daria  se  présenta  chez  plusieurs  
 paysans  pour  leur  demander  l’aumône,  mais  partout  on  la  repoussa  d’un  air  
 terrifié.  La  pauvre  vieille  ne comprenait  pas  pourquoi  tout  le monde  la  rudoyait,  
 elle  se  souvint  que  la  vieille  Loukeria  lui  avait  donné un  gros  morceau  de  painÿ  
 et  elle  eut l’idée  de  retourner à  cette maison  hospitalière. 
 On parlait  haut dans  l’isba  et  personne  n’entendit  quand  Daria  heurta  à  la  
 porte.  Elle  vit  Loukeria  accoutrée  d’un  collier  de  cheval, entourée  de  plusieurs  
 paysans,  et  elle  s’avança  en  tendant  la main.  Dès  que  Loukeria  aperçut  la  mendiante, 
   elle  eut  une  nouvelle  attaque  d’épilepsie,  criant  de  toutes  ses  forces  au  
 milieu d’affreuses  convulsions  : 
 —  Daria  m’a  ensorcelée...  Oh  !  elle  a  fait  le   malheur  de  mes  pauvres  
 enfants... 
 Cette  fois la vieille comprit  ce dont on  l’accusait. 
 —  Mais  que  Dieu  me  confonde  si  je  mens!  dit-elle,  je  ne  suis  qu’une  
 pauvre  mendiante  et je n’ai  reçu  aucun pouvoir ni  de  Dieu,  ni  du  diable. 
 L ’épileptique,  dans son  délire,  se  jeta  alors sur  Daria et,  enfonçant  ses  doigts  
 dans le cou  de la vieille  femme, tenta de l’étrangler ; mais ses mains  lâchèrent prise  
 et  elle tomba  en  arrière,  inanimée  et  insensible. 
 —  Voyez  comme  Daria T a   ensorcelée !  répétèrent  tous  les  assistants  en  se  
 signant;  puis,  d’un commun  accord,  ils  se  ruèrent sur  la mendiante,  qui  regardait  
 hébétée,  sans  comprendre ce que lui voulait  cette meute menaçante.  . 
 Un  moujik  la  saisit  par  les  cheveux,  tandis  qu’un  autre  d’un  croc-en-jambe  
 l’étendait  sur le  sol,  et qu’un  troisième  lui  cognait  la  tête-contre le mur. 
 Daria  se  débattait,  hurlait;  mais  les  autres  criaient plus  fort  : 
 —   Va,  sorcière  du  diable,  attrape!  emporte  ça  à ton  sabbat. 
 Et  les  coups de  poing  et  de  sabot  tombaient  drus  sur la  vieille. 
 L ’adjoint  du starosta  entra dans  l’isba  pour  demander  ce  que  signifiait tout  ce.  
 vacarme. 
 FEMMES  KAI.MOUK.e s   (CASTE  DES  PRÊTRES).   
 MOSQUÉE  TA TARE   A  KAZAN.