couverte littéralement d’une multitude de pèlerins, un grand nombre à pied,
beaucoup dans des véhicules de toute sorte et quelques-uns rampant sur le sol ;
toute celte foule accourt de tous les points du vaste empire russe, et bon nombre de
ces pèlerins n'ont eu pour se soutenir que le morceau de pain et la tasse de thé que
leur a tendus une main charitable.
A mesure qu’on s’éloigne de
Brovari, les lignes indécises des clochers
de la Laure commencent à se
profiler plus nettement. D’abord,
dans le lointain, apparaissent d’un
côté, comme une agglomération
de plusieurs villes, les pentes nues
des montagnes qui portent l’ancien
K i e f f . — Le tombeau d’Askold. Kieff, au-dessus desquelles miroitent
et scintillent des coupoles
d’or et d’argent. De l ’autre côté se dressent les remparts de la citadelle de Kievo-
Petchersk avec le clocher de la Laure suspendu sur sa tête. Enfin, comme s’il surgissait
de l’eau, se découvre le Podol, avec ses toits verts, ses coupoles, sës jardins,
ses marchés, son quai et la forêt de mâts qui couvre le port. Les Petits-Russiens,
qui ne marchandent pas leur admiration,
déclarent que Kieff vaut
Naples et Constantinople.
Bien que je trouve Kieff une
très jolie ville et que je respecte
l’enthousiasme patriotique, je ne
puis me ranger sans réserve à cette
opinion.
Ce qui est vraiment beau, c’est
le pont Nicolas qui a deux kilomètres
de longueur ; en le quittant K i e f f . — P o n t Nicolas sur le Dnieper,
le touriste s’élève par une route ser- .
pentine sur la colline de Petchersk et, après avoir dépassé le cimetière qui renferme
le tombeau d’Askold, il arrive au sommet d’où il embrasse le panorama de Kieff
s’étalant à ses pieds. Le Petchersk offre au regard une série de jardins, de bosquets
et de hameaux semés sur ses pentes qu’enferme une enceinte fortifiée que dépassent
des coupoles byzantines, avec, haut dans le ciel, le clocher de l ’antique Laure, si
fameuse !
Au nord, en amont du Dniéper se trouve un ravin profond qui sépare le quartier
de Petchersk du vieux Kieff. Le fond de Ce ravin est pittoresquement animé de maisons,
de jardins, de magasins; c’est le Kretchatik, la Perspective Newsky de Kieff.
Là vieille ville se présente de là sous l ’aspect d’une montagne à trois têtes,
K i ' e f f . — Rue principale, Kretchatik.
toute couverte d’églises blanches
de style byzantin, de massifs édi- p
fices d’architecture moderne, de
maisonnettes, voire même de misérables
cabanes. Le Podol. ne
semble plus surgir de l’eau, mais il
s’étènd sur une plaine sans fin, qui
d’un côté s’appuie contre les contre-
forts du vieux Kieff et de l’autre
forme une pointe qui s’enfonce
dans le Dniéper.
Les légendes sur la fondation
de Kieff abondent. Selon le vieux
chroniqueur Nestor, trois frères,
Ki, Tchek et Khoriv, chefs des
Polianes, une peuplade slave dont
descendent les Polonais, émigrèrent
du Danube sur le Dniéper
et fondèrent une ville sur l’emplacement
de Kieff, qui reçut le
nom du frère, aîné. Ainsi la ville
daterait du vie siècle. Au moment
où Riourik prit possession de
Novgorod, deux de ses compagnons
d’armes, Askold et Dir,
devinrent en même temps les
maîtres de Kieff; mais, en 881,
le successeur de Riourik, Oleg,
abandonna N ovgorod et descendit
le Dniéper jusqu’à Kieff. Il envoya
des émissaires auprès d’Askold et
de Dir, leur faisant signifier qu’il
serait heureux de les voir avant de
continuer sa route sur Byzance.
Mais lorsque les deux chefs de
Kieff se présentèrent devant Oleg,
il leur dit :
— Vous n’êtes ni princes ni
K i e f f . — L ’Université.
K i e f f . — Le boulevard Bibikoff.
d’une famille princière; moi, je suis de sang princier et Igors, que voici, est le fils