
 
        
         
		de Riourik.  Il  tua  Askold  et  Dir,  ajoute  placidement  le  chroniqueur,  et  s’empara  
 de Kieff en disant  :  Cette ville sera la mère de toutes les  villes russes.  Après  saint 
 Vladimir  et  Iaroslav  Ier,  Kieff devint  non  seulement  la  première  ville  de  Russie, 
 mais  une  des  plus  grandes  villes  d’Europe. 
 C ’est  là  que  l’ambassadeur  du  roi  
 de  France  Henri  Ier  envoya  chercher  
 sa  femme,,  la  fille  d ’Iaroslav, Anne  de  .  
 Russie,  la  mère  de  Philippe  Ior.  L ’invasion  
 des  Tatars  a pour  toujours  
 détruit la grandeur de Kieff. Après  
 avoir  anéanti  le  nord  et l’est  de  la  
 Russie,  le  khan  Baty,  qui  avait  
 entendu  parler  de  la  richesse  et  
 de  la  beauté  de  Kieff,  expédia  le  
 T  petit-fils  de  Geri-  
 ghis-Khan,  Man- 
 K i e f f . 
 Monument  de  l’hetman  Khmielnitzki. 
 a. Je.  . 
 la  splendeur et de la puissance de  cette ville  
 était  vrai.  Mangin,  impressionné  lui-même  
 par  la  vue  de  l’immense mur  blanc  qui  entourait  la  ville  et  le  nombre prodigieux  
 de  ses  coupoles  étincelantes,  envoya  un  noble  tatar  pour  faire  aux  habitants  de  
 Kieff cette proposition  :  «  Choisissez  cette  alternative  :  ou  votre  ville  sera détruite  
 de fond  en  comble,  ou  elle  se  soumettra  sans  condition  au  khan Baty.  »  La  population  
 de  Kieff  répondit  en  egorgeant  l’ambassadeur  et  jura  de  défendre  la  ville 
 jusqu’à  la  dernière  goutte  de.  sang  du  dernier  citoyen.  Des  témoins  oculaires  
 racontent  que l e s   Tatars  assaillirent  Kieff  en  nombre  si  considérable,  que  les  
 plaintes  des  chameaux,  les  hennissements  des  chevaux,  les  cris  des  hommes  et  le  
 grincement  des  chariots  formaient  une  clameur  si  assourdissante,  qu’il  n’y   avait  
 .  pas moyen  de  s’entendre  parler.  Cette  ville  ¡si  opulente  ne  fut  bientôt  plus  qu’un  
 monceau  de  ruines  et  ne  tarda pas  à tomber sous  la domination  de  la Lithuanie  et  
 de la  Pologne. 
 L ’ingénieur français Beauplan,  qui habita  l ’Ukraine  au xvie  siècle,  raconte  que  
 de  toutes  les  anciennes  églises  deux  seulement  restèrent  debout  :  la  cathédrale  
 Sainté-Sophie  et  l’église  Saint-Michel,  
 toutes  les.  autres  avaient  été  radicalement  
 détruites...  Les  jrues  de  Kieff,  à  l’exception  
 de  trois,  ne  sont  que  des  boyaux  
 étroits et tortueux, les maisons sont plutôt  
 basses,  selon  la  coutume  moscovite,  ne  
 formant  qu’un  étage  et  recouvertes  de  
 chaume.  Les  habitants  ignorent  l’usage  
 des chandelles  et  s’éclairent  au  moyen de  
 la  loutchina (petite  bûchette  goudronnée]. 
 Sous  l’influence  de  -  l’hetman  des .  
 cosaques  Khmielnitzki,  à  qui  la  ville  de  
 Kieff a  récerrtment  élevé  un  beau  monument, 
   la  Petite-Russie  prêta  serment  au  
 tsar ;  à  partir  de  ce  moment,  des  luttes  
 sanglantes  s’engagèrent  entre  l ’empire  
 moscovite  et  la  Pologne  pour  la  possession  
 de  Kieff.  Ces guerres  ne  prirent  fin 
 K i e f f .   —   Porte  sacrée  de  la  Laun 
 qu’en  1668,  lorsque  Kieff  fut  définitivement  annexée  à  la  Russie  par  le  traité  
 de Yavorovski. 
 Un des monuments les plus remarquables, non seulement de Kieff, mais de toute  
 la Russie  est  la  fameuse  Laure  de  Kieff,  qui  date  du  temps  du  prince  Iaroslav.  
 Voici  comment la  légende  raconte  la  fondation  de ce monastère : 
 Dans  un  village  près  de Kieff  vivait un  prêtre  nommé  Hilarion,  homme  de  
 bien,  savant  et  ascète. 
 Il  allait  souvent-à  la  montagne  où  se  trouvait  le vieux  couvent  de  Petcherski  
 et priait dans les profondeurs de la forêt.  Selon la coutume des cénobites, il se creusa  
 dans  le roc  une  grotte  de  quelques mètres  pour ses  oraisons.  Sa  piété attira  sur  lui  
 l’attention  du prince  Iaroslav,  qui  le'  nomma  métropolitain de  Kieff.  Plus  tard, un  
 autre moine, Anthony,  qui  vivait,  dans  un  couvent  du  mont  Athos,  reçut  de  son  
 supérieur  l’ordre  suivant  :