886 bataillons d’infanterie, outre les réserves, 58 régiments réguliers de cavalerie et
33 régiments de cosaques; de 33o batteries d’artillerie, sans compter les bataillons
de sapeurs du génie, des ponts et chaussées, des parcs télégraphiques et du service
aérostatique, ainsi que les bataillons vélocipédistes, la poste des pigeons, et
enfin les armées irrégulières, la milice du térek et de Kouban, les Géorgiens, les
Ossétines, etc., etc. Le budget de l’armée, en 1893, était de 233 millions de roubles.
La réserve peut fournir plus de deux millions d’hommes. C’est l’infanterie russe
qui occupe dans l’armée la place prépondérante.
Le soldat russe, en temps de paix, est occupé toute la journée par son service;
'l'hiver, dans les casernes, on lui enseigne les règlements; .le maniement du fusil qt,
comme le plus souvent il est illettré, on lui apprend à lire et à écrire.
En été, les soldats, vêtus de blouses de toile, au son des tambours, des
cymbales et des tambourins, vont gaiement camper dans les champs. La force
d’endurance de l’infanterie russe est prodigieuse; ces fantassins accomplissent des
marches forcées en ne laissant derrière eux qu’un nombre insignifiant de traînards
ou de malades. Dans de bonnes conditions, l’infanterie russe peut marcher avec
une vitesse moyenne de quatre kilomètres à l’heure. La cavalerie fait ordinairement,
dans le même temps, de sept à douze kilomètres à l’heure; mais quelquefois
elle atteint des vitesses extraordinaires ; le 29e régiment du Don, dans la dernière
guerre contre les Turcs, a franchi en douze heures, de quatre heures du matin à
quatre heures du soir, cent quinze verstes.
L ’équipement du soldat est combiné de façon à né pas le surcharger; il porte
sa chinel (manteau) enroulée en bandoulière, sa gamelle, un petit sac pour ses
effets et deux étuis pour les cartouches, naturellement un fusil. Les uns, en outre,
portent des haches, et les autres des bâtons pour les tentes.
Le ministre actuel de la guerre a simplifié la tenue du soldat jusqu’à la dernière
limite de l’économie, sans pourtant lui enlever toute élégance et en s’efforçant
de donner à l ’uniforme un cachet national : une jaquette de coupe russe, pantalon
ample, hautes bottes, bonnet rond d’astrakan ou casquette plate sans visière.
Seule, la garde impériale a perpétué les coiffures d’antan. Le régiment de la garde,
de Pavlovsk, conserve précieusement d’anciens bonnets pointus troués par les balles
de l’ennemi ; lorsqu’ils sont Usés et qu’il faut absolument les renouveler, on a soin
de pratiquer des trous dans le bonnet neuf, comme autant de souvenirs glorieux.
Le bataillon de la cour a seul gardé, sans aucune modification et dans toute
sa splendeur, son ancien uniforme, bien qu’il soit très compliqué. Les cosaques
aussi ont gardé leurs costumes originaux, parmi lesquels se distingue, par son élégance,
celui des cosaques du Caucase,
L ’artillerie russe se divise en artillerie a pied, à cheval, génie, artillerie de
forteresse et de montagne; les canons à longue portée et de petits calibres sont
légers, solides et beaux; les chevaux sont vigoureux et endurants; les hommes*?
;; L A V I E M I L I T A I R E . . ï ? g
intelligents, à la fois agiles et posés ; l’artillerie régulière compte seize cent quatre
pièces de types divers.
La Russie a pour sa défense un grand avantage sur le s . autres puissances ;
outre son armée régulière, elle possède une population guerrière dont l’entretien
Régiment Préobraj ènski. — Costumes anciens et modernes.
ne lui coûte que peu de chose ; il s’agit des cosaques, dont je parlerai plus longue-
.ment lorsque je décrirai leur pays. Les aborigènes des pays cbnquis fournissent
aussi à la Russie une cavalerie spéciale, tels , que les Tchapars du Caucase ou les
Tékintzi.., Cavaliers de race, agiles,-sans peur, ils représentent sur leurs petits
chevaux, au profil busqué, une cavalerie unique au monde.
Le service dans la cavalerie est beaucoup plus compliqué que dans l’infan