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 citadelle,  formée par une  immense  cour,  où  actuellement  l ’herbe  pousse  en  paix.  
 Au milieu  s’élève  le minaret d’une  petite mosquée. 
 En  face  du  fort  se  trouve  un  grand  village  de  steppe,  Ovidiopole,  nommé  en  
 l’honneur du  célèbre  poète  latin,  qui  a,  s’il  faut  en croire  la légende,  passé  en  cet  
 endroit lé temps  de  son  exil. 
 Ce  village  présentement  est  habité  par  des  pêcheurs  qui  s’occupent  également  
 du  transport des  voyageurs  sur  Vautre  rive  du  liman,  lequel  atteint,  à  Ovidiopole  
 dix  kilomètres  de  large.  Ces  gens  ne  sont pas  des  pilotes  très  sûrs,  ce  sorit  des  
 téméraires, habitués  à- braver en été la  houle  que  soulèvent les tempêtes fréquentes,  
 bien que nombre d’entre  eux  aient  été noyés,  et  en  hiver  à  voir la glace  céder sous  
 leurs  pas,  en  dépit  de  la  longue perche,  pouvant servir de  rame,  posée  en  travers  
 du  traîneau,  et  de  la  célérité  de leurs  petits chevaux,  attelés  de  longs  brancards,  et  
 qui  galopent  de toute la  vitesse  de  leurs jarrets  sur  la  lagune  gelée. 
 A   vrai  dire,  le  danger  existe  surtout pour  les  voyageurs  . qui;  Courent  grand  
 risque  de  rester  au fond  de l ’eau. Quant  aux  conducteurs,  ils  réussissent généralement  
 à  sauver  leur peau  et  font  le  plus  souvent  preuve  d’un manque  de  cçsür  
 cynique.  Le passager  sombre  dans  la mer,  et le conducteur regarde tranquillement  
 la  fissure  par où  il  vient  de  disparaître,  en  criant douloureusement  :  Adieu,  mes  
 trente  copecks. 
 ■  Pour  parer  à  cet  inconvénient,  les passeurs  exigent  qü’on  les paye  d’avance ;  
 d o ù   naissent  des  difficultés  avec  les  voyageurs  qui,  par  superstition,  préfèrent  ne  
 s acquitter  qu après la  traversée.  D’ordinaire,  le  différend  se  règle par des  concessions  
 mutuelles;  le  passager  verse  la  moitié  de  la  somme  au  départ,il'àîitre  à  
 l ’arrivée. 
 Les Tziganes. —   Leur  origine. —  Le starosta  tzigane.  —  Un t-ab or.  —  Une représentation. 
 L ’ours  du  Tzigane  et  les  paysans.  —  Les  Moldaves.  —  Habitations,  costumes  et  moeurs  moldaves. 
 La mamalyga. —  Les  cérémonies du mariage. —  L’enlèvement des fiancées. 
 • ••••■  Ghànts héroïques des  Moldaves.- 
 De s   différentes  races qui peuplent  le  sud de là Russie, celle  des Tziganes est certainement  
 la plus curieuse  à  étudier. D ’où viennent ces nomades ? Question qui  
 a  fait  couler  beaucoup  d’encre.  Les  noms  divers  sous  lesquels  ils  sont désignés,  
 suivant  les  pays,  sembleraient  indiquer  leur origine.  En  France,  on  les  appelle  
 Bohémiens  parce  qu’ils  sont  venus  de  la  Bohême;  en  Hongrie,  on  les  nomme  
 Pharao-Nepo,  ou  peuple  de  Pharaon,  ce  qui  suppose  une  origine  égyptienne. 
 Les  Tziganes  eux-mêmes,  dans  leurs  légendes,  font  sans  
 cesse  allusion  aux  Sintes  dont  ils  ont  la  prétention  de  
 descendre.  Le  savant  professeur  
 Krausse  prouve  que  l ’Indus,  en  
 hindoustani,  s’appelle  Sind et que  
 l’embouchure  du  fleuve,  dans  la  
 mer  d’Oman,  se  nomme  Sindi,  
 d’où  il  conclut que les Bohémiens  
 sont  venus  des  bords  de  l’Indus. 
 Le  savant  Tchatzki  pouvait,  
 une  grammaire  à  la  main,  s’entretenir  
 avec  les  Tziganes;  il  trouva  que  sur cent mots  d’hindoustani,  ceux-ci  en  
 comprenaient  au moins quatre-vingts. 
 On  .croit  donc  que  les  Tziganes  descendent  de  la  vieille  caste  hindoue  des  
 Soudras,  la plus malpropre et la plus malhonnête  des  classes, objet  de  l’exécration  
 de  toutes  les autres. 
 Persécutés  par  les  khans  qui  voulaient  les  convertir  au  mahométisme,  les  
 Tziganes,  qui préfèrent  n’appartenir à aucune confession, abandonnèrent leur patrie  
 d’origine  et  vinrent en  Arabie.  Là,  ils  ne  furent pas  plus  heureux;  ils  émigrèrent  
 alors  en  Egypte  et  de  là passèrent  successivement  en  Turquie,  en  Bohême,  en