On y cultive généralement le froment, les seigles d’hiver et d’été, l ’avoine, les
petits pois, le lin et le chanvre. Les jardins regorgent de melons, de pastèques, de
concombres, de maïs, de courges, sans compter les choux et les pommes de terre.
On y rencontre aussi d’immenses champs de betteraves qu’on cultive en vue des
raffineries de sucre russes. En outre, toute menagere avisée a soin de planter dans
Dans le steppe.
A l’abreuvoir.
L a rentrée'du foin.
son verger quelques plants de tabac, car il y a déjà des siècles que le Petit-Russien
a contracté l ’habitude de fumer.
Le printemps est précoce dans le steppe et commence à mi-mars; les champs
sont ensemencés dès son apparition. Les agriculteurs petits-russiens ont la louable
habitude de s’entr’aider. Le paysan aisé qui possède les trois ou quatre paires de
boeufs nécessaires pour la charrue est l’exception, les autres s’associent entre eux,
de même qu’ils se partagent la besogne quand il s’agit de bâtir une khata ou de
couper et de transporter du bois. Jamais les Petits-Russiens entre eux n’acceptent
un salaire pour ces travaux faits en commun, le principal intéressé est seulement
tenu de bien nourrir ses aides et de leur offrir libéralement à boire.
Vers la mi-juin vient le moment de la kossovitza (fenaison), qui ouvre une ère
de divertissements pour le paysan; aussi le kossar (le faucheur) est-il en grande
faveur dans le pays. « C ’est un faucheur », dans la bouche d’un Petit-Russien,
signifie un homme plein de force et d’énergie
Ordinairement c’est à là Saint-Jean que les kossari, en grandes bandes, sortent
E n P e t it e -R u ss ie . — Moissonneurs au repos.
en chantant des fermes pendant la nuit et s’enfoncent dans le steppe à dix ou quinze
kilomètres de distance. Là ils dressent une tente et improvisent à côté un four.
Avant l’aube tous les faucheurs sont levés et après un léger déjeuner ils se
mettent au travail sous la direction d’un ataman, qui est chargé de stimuler les
paresseux et de faire honte aux flâneurs.
A dix heures, les travailleurs dînent; ce repas doit être abondant et savoureux,
puis, après une courte sieste, ils reprennent leur besogne jusqu’à quatre heures;
survient la trêve du goûter à laquelle succède le travail jusqu’au coucher du soleil,
signal du souper.
Rien de plus pittoresque que le groupe formé par les kossari réunis autour
du foyer, le soir, au clair de la lune, chacun tenant à la main sa lionlka (pipe)
dont le Petit-Russien ne se sépare pas volontiers, le bonnet d'astrakan rejeté sur