VII
La vie de famille du Grand-Russien. — Le Bolchak. — Pouvoir absolu de l’aîné.
Contrastés que présente la situation de la femme.
Désagrégation de l’ancienne famille russe. — L a légende de Sviatogor.
t l est rare qu’après la noce les nouveaux époux aient un domicile à part ; le plus
1 souvent ils vivent dans la famille du marié et doivent se soumettre à l’autorité
absolue du chef delà maison, qu’on appelle le bolchak (le grand, le fort). Plus la
famille est nombreuse, plus le rôle du bolchak est important et plus effacé celui des
autres membres, réduits à une soumission passive.
Bien que les familles patriarcales de soixante membres deviennent de pfv¿f en
plus rares, on en trouvé dans la plupart dés villages russes):gui comptent au moins
trente ou quarante personnes.
Le pouvoir du bolchak est, en général, héréditaire; cependant il se) rencontré
quelquefois qu’il est élu par tous les membres de la famille, Comme le bolchak
répond des impôts devant la commune, celle-ci peut intervenir dans sa nomination
et a le droit de remplacer un chef incapable et mou par un autre membre de ín
famille-plus intelligent et plus énergique. Il peut même arriver ainsi que le fils;
devienne bolchak et que le père soit placé; %ouslg)n autorité.
Une femme ne peut être nommée bolchak qu’à défaut debout homme ayant,
l’âge de raison.
Le:bolchak désigne à chacun- son ouvrage, envoie les membres de la famille
en journée, hors du village, ou comme ouvriers à la ville, et ils sont tenus de lui
faire parvenir leur salaire; en un mot, son pouvoir ne connaît que deux restrictions
: il n’a pas le droit de vendre la maison qu’il occupe, ni d’aller habiter ailleurs
sans le consentement de toute la famille.
La femme du bolchak préside aux travaux de la partie féminine de la famille ;
.'le plus souvent, elle's’occupe exclusivement de là cuisine, et les travaux pénibles
sont dévolus aux belles-filles. -
Il n’y a pas longtemps, le pouvoir d u bolchak était véritablement effrayant :
personne n’osait parler en sa présence, on tremblait devant lui; à table, nul ne s'e
permettait de manger ni de boire avant qu’il en eût donné la permission.