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 La  vie  de  famille du  Grand-Russien. —  Le Bolchak. —  Pouvoir  absolu  de  l’aîné. 
 Contrastés que  présente  la  situation  de  la femme. 
 Désagrégation de  l’ancienne  famille  russe. —  L a  légende  de Sviatogor. 
 t  l   est  rare  qu’après  la noce  les  nouveaux  époux aient un  domicile  à  part ;  le  plus  
 1   souvent  ils  vivent  dans  la famille du  marié  et  doivent  se  soumettre  à  l’autorité  
 absolue du  chef delà  maison,  qu’on  appelle  le  bolchak  (le  grand,  le  fort).  Plus  la  
 famille  est nombreuse,  plus  le  rôle  du bolchak est important et  plus  effacé  celui  des  
 autres membres,  réduits à une soumission  passive. 
 Bien  que  les  familles  patriarcales  de  soixante membres  deviennent de  pfv¿f en  
 plus  rares,  on en trouvé  dans la plupart dés  villages  russes):gui  comptent au  moins  
 trente  ou  quarante personnes. 
 Le  pouvoir  du  bolchak  est,  en  général,  héréditaire;  cependant  il  se)  rencontré  
 quelquefois  qu’il  est  élu  par  tous  les  membres  de  la  famille,  Comme  le  bolchak  
 répond des  impôts devant  la  commune,  celle-ci peut intervenir dans  sa nomination  
 et  a le  droit  de  remplacer  un  chef  incapable  et mou  par  un  autre membre  de ín  
 famille-plus  intelligent  et  plus  énergique.  Il  peut  même  arriver  ainsi  que  le  fils;  
 devienne  bolchak  et que le père  soit placé; %ouslg)n  autorité. 
 Une femme ne  peut  être nommée  bolchak  qu’à  défaut  debout  homme  ayant,  
 l’âge de raison. 
 Le:bolchak  désigne  à  chacun- son  ouvrage,  envoie  les  membres  de  la  famille  
 en journée,  hors du  village,  ou comme  ouvriers  à  la  ville,  et  ils  sont  tenus  de  lui  
 faire parvenir  leur salaire;  en un  mot,  son  pouvoir  ne  connaît  que  deux  restrictions  
 : il n’a pas  le  droit de  vendre  la maison qu’il occupe, ni d’aller habiter  ailleurs  
 sans  le  consentement  de  toute  la  famille. 
 La  femme du  bolchak préside  aux  travaux de  la partie  féminine de  la  famille ;  
 .'le plus  souvent, elle's’occupe exclusivement  de  là  cuisine,  et  les  travaux pénibles  
 sont  dévolus  aux belles-filles.  - 
 Il  n’y   a  pas  longtemps,  le  pouvoir  d u bolchak  était  véritablement  effrayant :  
 personne n’osait parler  en  sa  présence,  on  tremblait  devant  lui;  à  table, nul  ne  s'e  
 permettait  de  manger  ni  de  boire  avant qu’il  en eût  donné  la permission.