
 
        
         
		Paresseux  de  nature,  le Tzigane  se contente  de peu.  Il  est poète et ne  demande  
 que  le  ciel  bleu,  du  soleil  et  des  chansons ! 
 Malheureusement,  ni  le  soleil,  ni  le  ciel  bleu,  ni  les  chansons  ne  lui  donnent  
 du  pain,  et  il  est  obligé  de  recourir  à la  ruse. 
 Autrefois  le  Tzigane  n’appartenait  à aucune  confession.il  ne  connaissait  ni  le  
 mariage,  ni  le  baptême,  ni  aucun  rite  religieux. 
 Actuellement,  les  Tziganes  sont  chrétiens  orthodoxes  et  obligés  d’observer  
 extérieurement  les  préceptes  de  l’Église.  Ils  baptisent  leurs  enfants,  le  prêtre 
 préside  à  leurs  mariages  et  à  leurs  enterrements;  mais  ils  n’entrent  jamais  dans  
 une  église  et n’observent pas  le  carême. 
 Ils  ont  cependant  des  traditions  de  famille  et  se montrent  pleins  de  déférence  
 pour  leurs  aînés. 
 Les  trois  quarts  de  la population  de  la Bessarabie  së  composent de Moldaves. 
 Le paysan moldave manque  d’énergie et d’initiative ;  il  est'flegmatique  comme  
 le  Petit-Russien,  et  la passion méridionale  ne  s’exprime  chez  lui  que par des  accès  
 de  vengeance  et  de  vanité.  En  somme,  pourtant,  il  est  bon,  compatissant  et prêt  
 à partager  son  bien  avec  les,  autres.  La  richesse du  sol  récompensant  bien  au delà  
 de l’effort dépensé les soins  de  l’agriculteur,  le Moldave  est paresseux et insouciant.  
 Le peu  de  sécurité  dont  il jouissait  sous  le  joug  des  Turcs  et,  plus  tard,  dés  trop  
 nombreux  tchinovink  qui  l’ont  pressuré  est  pour  beaucoup  dans  son  apathie. 
 Le  type  du  paysan moldave  est  celui  du méridional  adouci  par  le mélange  de  
 sang  slave.  Il  est  de  taille.au-dessus  de  la  moyenne,  sec,  musclé,  brun;  il  a  la  
 physionomie  expressive, les  traits  assez' réguliers,  les  yeux  noirs,  les  sourcils et  les  
 moustaches bien fournis, ses mouvements  sont  lents et gauches,  sa démarche lourde ;  
 il  a  toujours  la  poitrine  et  le  cou  découverts.  La  plupart  des  paysans moldaves  
 portent  les  cheveux  longs  retombant  sur  les  épaules  et se  rasent la  barbe. 
 La   paysanne  est  svelte,  a  une  abondante  chevelure  noire;  mais  ses  traits 
 manquent de  régularité ;  elle a le  front  bas,  le  nez  pointu  et les  pommettes  un  peu 
 saillantes;  SOn  teint  basané,  se s 'y eu x   noirs  étincelants, pleins  de  feu,  et  la 
 grâce de  ses mouvements,  tantôt lents,  tantôt  fougueux,  la  rendent  très  séduisante.  
 Comme  toutes  les  femmes  du Midi,  la  Moldave  vieillit  prématurément;  à  trente  
 ans,  elle  perd  déjà  sa  fraîcheur  et  sa  beauté. 
 Très modeste,  docile  avec  son mari,  la  paysanne moldave  n’est  pas  aimable  
 pour  les  autres membres de  la  famille;  c’est  pourquoi  
 en  Bessarabie,  comme  dans  la  Petite-Russie;  le  
 paysan,  aussitôt  marié,  fait  ménage  à  part,  dût  sa  
 prospérité  en  pâtir. 
 Le xMoldave se sert pour construire  sa  cassa  (maison) 
   de  tchamour,  mélange  d’argile,  de  paille  et  de  
 crottin  de  cheval.  Quand  il  est  décidé  à  se  bâtir une  
 nouvelle  cassa,  il  convoque  toutes  ses  relations  à  une -  
 fête  solennelle,  et  pendant  qu’une  partie  des  invités  ’  
 dansent  la  djogue  (danse  nationale)  aux  sons  d’une'  
 musique  tzigane  ambulante,  un  certain  nombre  de  
 convives  préparent  le  tchamour  et  élèvent  les  murs  
 de  la maisonnette.  Tout  autour  de  la  cassa  court  un  
 banc  formé par  une  saillie  du  mur. 
 L ’extérieur de  la  maison  est  soigneusement  crépi  
 et  le  toit  est  recouvert  quelquefois  de  chaume,  mais  
 le plus  souvent  de  jonc. 
 Les  personnes  aisées  s’accordent  seules  le  luxe  
 d’une  cheminéé  sortant  par  le  toit,  les  autres  se  
 contentent  de  pratiquer  au-dessus  du  foyer  une  
 ouverture  dans  le  plafond ;  la  fumée  Se  répand  par  
 cette  issue  dans  les  combles ,  dont  les  murs  sont  
 entièrement  revêtus  d’une  épaisse  couche  de  suie. 
 Marchand de  thé  chaud. 
 Il  est  difficile  de  trouver des  paysans  d’une  propreté  aussi minutieuse  que  les  
 Moldaves;  dans  leurs  demeures,  tout  brille,  tout  reluit,  tout  est  net  et  rangé  
 jusque  dans  les moindres  recoins. 
 Les  icônes,  placées  à  l’angle  de  la  chambre  qui  regarde  l’Orient,  sont  ornées  
 de  fleurs  quelquefois  artificielles,  et drapées  de pans  d’étoffes  de  coton  ou  de  soie.  
 Sous  les  images  saintes,  des  cierges  et  un  pain  bénit  reposent  sur  une  tablette ;  
 tout  autour  de  la  niche,  des  touffes  de  blé  venant  de  la  dernière  moisson  sont  
 disposées  en  forme  de  croix.  De  grosses  enluminures,  genre  Epinal,  complètent  
 l’ornementation. 
 La   solive  qui  traverse  le plafond  et  fait saillie  est  couverte  de  pommes  et  de