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 Les  rives  de  la  Volga  après Nijni.  -r-  Samara. —  Type  de ville  opulente.  — Animation  de  son port. 
 ¿ La  ville. —   Les  magasins de  blé.  —  Absence  de  civilisation. 
 Les  Gégoulisî'—  Les  Russes  et  la montagne.  —  Un  de la  bande.  —  Une  bataille d’aigles. 
 Ap r è s   Nijni-Novgorod,  la  Volga  s’étale  sur  un  kilomètre  de  large,  elle  roule  
 lentement  ses  ondes; mais,  au  milieu,  son  cours  est  rapide,  inquiet  et  changeant, 
   ce qui rend l’abordage  difficile.  Le  caractère des  rives  se modifie aussi après  
 Nijni,  la  droite  s’élève  de  cent  cinquante  pieds,  formée  de  schistes  calcaires,  
 sablonneux  et  limoneux,  qui- tombent  en  parois  verticales  sur des  soubassements  
 calcaires.  Cette  rive  est parsemée  de  hameaux  et  de  villages. 
 Cette  partie  de  la  Volga,  qui  va  de  Nijni  à  Kazan,  a  toujours  eu  une  grande  
 importance  historique,  qu’elle  doit  non  seulement  aux  entreprises  commerciales  
 et  aux  nombreux  vaisseaux  qui  ont,  pendant  des  siècles,  transporté  sur  ses  eaux  
 les  produits  de  l’Orient  et  de  l’Occident,  mais  aux  scènes  de  carnage  et  aux  cris  
 de  guerre qui  ont  troublé  ses  rêves ;  souvent  ses  flots  sont  devenus  rouges du  sang  
 des  Russes et  des  Tatars. 
 Les  princes  et  les  tsars moscovites  ont  longtemps  guerroyé  avec  les tsars  de  
 Kazan,  et  ce  n’est pas  sans  peine  que  la Russie a  pu  soumettre  ces provinces.  Le  
 gouvernement  de  Kazan  se  trouve  dans  la  région  féconde  du  bassin  de  la Volga,  
 et  dans  peu  de  gouvernements  russes  l ’agriculture  est  aussi  développée  qu’en  ce  
 pays,  où  les  Tatars,  les  Tchouvaches  et  les  Tchérémisses  rivalisent  de  zèle.  On  
 y   cultive  presque  toutes  les  variétés  de  blé,  le  froment,  le  seigle,  l ’avoine,  le  blé  
 noir,  le  mil,  etc.,  etc.,  dont  chaque  grain  ensemencé  en  produit  dix  ou  douze.  
 Le  gouvernement  de  Kazan  renferme  encore un  trésor,  le  bois  de  chêne  pour  la  
 construction  des  bateaux  que  la  flotte  russe  emploie  pour  ses  bâtiments à  l’exclusion  
 de  tout  autre. A  sept verstes  de  Kazan,  la  Volga  tourne  brusquement  au  sud,  
 où  elle  reçoit  un peu  plus  bas  son  plus  puissant  affluent,  la Kama,  dont  le  cours  
 impétueux  la  refoule  vers  le  Sud-Ouest. 
 La  Volga  coule  dans  cette  direction jusqu’à Tsaritzine et  ne  s’en détourne  que  
 pour  contourner  les  collines  de  Samara,  qui  se  rattachent  aux  contreforts  dé  
 l’Oural;  ne  pouvant  franchir  cet obstacle,  le  fleuve  est obligé  de  faire un  détour 
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