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 auquel ils donnèrent le nom de-Sarepta, prenant  comme emblème pour  le  sceau  de  
 leur communauté une cruche  remplie  d'épis  et  une fiole placée  sous un olivier. 
 Les  rues'de  la  colonie  de  Sarepta  sont  larges  et  propres  ét  lés  maisons  des  
 Frères  Moraves  très  confortables,  avec  des  salons,  des  tableaux,  des  portraits  et  
 souvent  même  un  piano.  La   musique  classique  y   est  tenue  en grand  honneur  et  
 tout particulièrement  Hummel ;  quant  à  la  musique  légère,  elle  aura  d’autant plu?  
 de  peine  à  forcer  la  porte  de  la  communauté  que  la  danse  y   est  rigoureusement  
 interdite. Pendant le jour, chacun, dans  la  rue, vaque à ses  occupations;  le  soir, tout  
 le monde se réunit en famille pour faire d e là  musique et lire. Ce petit'village possède  
 une  grande  bibliothèque et  chaque maison  reçoit pour  son  compte des  revues,  des  
 journaux  et  des  livres. 
 Quel contraste  avec  l’isba du moujik,  si  étroite  qu’il ne  revient  à chacun qu un  
 espace de trois àrchines de long sur deux de haut, et que l’étable remplit de miasmes  
 et  de  puanteur,  à  tel  point  que  souvent  le  moujik  préfère  se  passer  de  cheminée  
 et  faire  le  feu  au milieu  de  la  chambre,  afin  que  la  fumée  neutralise  ces; odeurs  
 nauséabondes !  v 
 Tous les soirs,  on  célèbre  à Sarepta un service auquel toute la  communauté est  
 tenue  d’assister; dans  ces  réunions,  l’assemblée chante des  hymnes, et parfois on lit  
 les  lettres  des missionnaires  de Herrnhutter,  répandus  dans  le monde entier. 
 Parmi les pasteurs  de  Sarepta,  il s’en trouve qui  sont nés  au Labrador  et  dans  
 le  Groënland.  Le  voisinage  des Kalmouks,  que  les Moraves  désiraient  évangéliser,  
 est un des motifs  qui ont  déterminé le  choix  de  Sarepta. 
 Cependant le  gouvernement  russe  ne  tarda pas  à  interdire  aux  frères de faire  
 des  prosélytes  parmi  cette  tribu  sauvage  et  assimila  tous  les  cpnvertis  kalmouks  à  
 des orthodoxes. Les habitants  de Sarepta sont tous,  sans  exception,  lettrés et savent  
 le russe.  Leur influence  s’exerce sur  tout leur  entourage  avec  tant  de  force, que  les  
 moujiks eux-mêmes  apprennent l’allemand  ainsi  que  les Kalmouks. 
 Tous  les membres  de  la  communauté  des  Herrnhutter  se  partagent  en  différents  
 choeurs  selon  le  sexe  et  l’âge;  il  y   a  des  choeurs  de  fillettes,  de  garçons,  de  
 frères  et  aussi  de  soeurs  célibataires,  de  frères  veufs  et  de.  soeurs  veuves ;  chaque  
 choeur  a  son  inspecteur  ou  son  inspectrice,  qui  doit  veiller  aux  bonnes moeurs,  à  
 l’ordre  et  à  la  discipline;  en outre,  l’inspecteur  est  chargé de préparer  les membres  
 de la  communauté placés  sous  sa  direction  pour  la  communion,  qui  a  lieu  tous  
 les  quatre  dimanches.  Les  frères  célibataires  avec  les  jeunes  gens  qui  ont  terminé  
 leurs  études  habitent  la maison  fraternelle,  où  ils  exercent  ensemble  divers  
 métiers.  De  même  les  soeurs-Célibataires  et  les  veuves  vivent  en  communauté.  
 D’ailleurs,  les ménages  sont aussi  répartis  en  choeurs,  bien qu’ils demeurent à part. 
 Entre  Tsaritzine  et  Sarepta,  la Volga  tourne  d’abord à  l’est,  puis  au  sud-est,  
 et entre  enfin  dans  la  plaine  Caspienne  qui forme  un  vrai  désert.  Au  printemps,  la 
 Volga  se  déploie sur une  largeur de quarante  kilomètres,  et  toute la vallée présente  
 un  aspect  grandiose ;  en  plusieurs  endroits  des  groupes  d’îles  surgissent  sur  cette  
 vaste  étendue  d’eau,  et  entre elles circulent  d’innombrables  bateaux-et  canots. 
 Ces  steppes qui  s’étendent  sur  les  deux  rives  de  la  Volga  nous  conduisent  au  
 pays  des  Kiptchak,  qui  faisait  autrefois  partie  du  rôyaùme  des  descendants  de  
 Gengis-Khan>  pays  très  monotone  et  dont  la  flore  est  d’une  pauvreté  déplorable. 
 Cathédrale  de  l’Assomption. 
 Le  ciel,  toujours clair,  toujours bleu,  enveloppe amoureusement cette vaste solitude  
 où,  en  été,  la  température ne  descend jamais  au-dessous  de  trente  degrés. 
 Les  hivers,  par  contre,  sont  très  rigoureux.  Toutes  les  plantes  sont  couvertes  
 d’une  pelure  grise  et  poilue,  qui  les  préserve „contre  l’ardeur  du  soleil  et  les  
 brusques  changements  de température,  les aidant à absorber le peu d’humidité  que  
 contient  cette  atmosphère surchauffée.  Pas d’arbres ni de buissons verdoyants pour  
 reposer  le  regard;  partout une herbe grisâtre,  dure,  qui  tient lieu  de  forêts,