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 race,  le type  mongol  s’y   manifeste discrètement  dans  les  yeux un  peu  bridés  et  les  
 longues  oreilles  fines  et  écartées.  Ils  se  rasent  la  tête  et  portent  une  petite  
 barbiche. 
 Les  femmes  sont  belles,  mais  leurs  vêtements  trop  amples  et  la  vie  indolente  
 que  mènent  toutes  celles  qui  jouissent  d’un  peu  d’aisance  les  rendent  lourdes  et  
 gauches.  Les  plus  pauvres  elles-mêmes  participent  en  une  très  faible mesure  aux  
 travaux  agricoles  de  leurs  maris,  à  l’i nverse  des  paysannes  russes  qui  souvent  
 labourent  et passent  ensuite  la  herse  sur  le  champ. 
 La principale  occupation de  la  femme tatare  consiste à filer;  elle  est  très  habile  
 aussi  dans  les  ouvrages  de  broderies  d’or  pour  pantoufles  et  bonnets.  Elle  a  la  
 fâcheuse  habitude  de  s'enduire  le  visage  d’épaisses  couches  de  blanc  et  de  rouge  
 et d’accentuer  l’éclat  de  ses  yeux  déjà naturellement  fulgurants  en  se  peignant  les  
 sourcils  et  les  cils.  Ce  maquillage  ne  lui  suffit  pas,  elle  teint  ses  belles  dents  avec  
 une  infusion  de  noix  de  galle  et  couvre  ses.  ongles  d’une  décoction  végétale.  
 C’est  ainsi  qu’elle  est  parvenue  à  défigurer  ce  beau  type  de la femme  arabe  dont  
 les  poètes  disaient  :  «  Ses  lèvres  sont  rouges  comme  le  henné,  ses  dents  sont  
 blanches  comme  l’ivoire.  » 
 On  ne  peut  non  plus  vanter  la  propreté  du  Tatar,  bien  qu’à  première  vue  sa  
 maison  semble  plus  propre que  l’isba  du  moujik;  le poêle  en  est_toujours blanc,  
 le plancher  recouvert  de  tapis,  mais  il  ne  se  gênera  pas  pour  laver  son  linge  sale  
 dans  le même ustensile  qui  lui  sert  à cuire, son  dîner. 
 Bien  qu’ils  se  livrent  aux  ablutions ‘ prescrites par  le  Coran,  les  Tatars  sont,  
 plus  qu’aucune  autre  peuplade  du  gouvernement  de  Kazan,  sujets  aux  maladies  
 de peau  qu’engendre la malpropreté. 
 La   forme  de  leurs  vêtements  est  orientale,  et  plus  ils  sont  amples,  plus  ils  
 sont  contents.  Leur  tête  rasée  est  toujours  protégée  par  un  bonnet;  les mollahs,  
 les  mouderissi  (les  savants)  et  les  khadji  (les  pèlerins  de  la  Mecque)  portent  un  
 tchalma  (turban)  par-dessus  leur  bonnet.  Leurs  blouses  de  toile  blanche  sont  
 longues  et  recouvertes,  jusqu’aux  genoux,  par  une  tunique  sans  manches  de  
 nankin  jaune  ou  vert. 
 Les  riches  Tatars  aiment  beaucoup  les  anneaux  ornés  de  diamants  ét  affectionnent  
 les  ceintures  couvertes  de  plaques  d’argent massif qui  brillent,  autour  de  
 leurs  tailles  épaisses,  comme  les  signes  du  zodiaque.  Le  pantalon,  ample  et  long,  
 rentre  dans  les  tiges dés  bottes  ou  sous les  lapti;  car  les  pauvres,  à  l’exemple  des  
 moujiks, ne portent  que  cette  primitive  chaussure. 
 La  femme  tatare, même  la plus  pauvre, drape  en  plis fournis  sa longue  blouse  
 qui  tombe  jusqu’au  talon,  et  met par-dessus  une  longue  lévite  avec  des  manches  
 resserrées  dans  le  bas. 
 Les  Tatares  pauvres  attachent  des  serviettes  de  toile  autour de  leurs  têtes; les