
 
        
         
		tions ;  pas  un  de  ces  bras  n’arrive  à  la  mer  sans  s’être  subdivisé  ou  sans  avoir  
 reçu  quelque  affluent  et  revêtu  un  nouveau  nom. 
 On  compte  environ  deux  cents  bouches  de  la  Volga  qui,  au  printemps,  
 s’unissent  et  forment  un  vaste  lac.  .La  navigation  devient  chaque  année  plus  
 difficile  à  l’embouchure  du  fleuve,  et  la  vieille  Volga,  très  profonde  autrefois,  
 ne  compte  plus  actuellement,  en  plusieurs  endroits,  que  quatre  pieds  d’eau. 
 Il  suffit  de  regarder  la  carte  pour  voir  que  le  delta  de  la  Volga  et  
 Astrakan  sont  désignés  par  la  nature  pour  être  le  centre  d’un  échange  d’idées  
 entre  l’Orient-et  l’Occident  et  un  gigantesque  entrepôt  pour  leur  commerce.  Là  
 se  croisent  deux  grandes  routes,  celle  de  l’Hindou-Koh  et  du  Caucase;  enfin  
 la'mer  Caspienne,  par  laquelle  arrivent  les  marchandises  de  la  Perse,  forme une  
 troisième  voie  qui,  aujourd’hui,  jointe  au  transcaspien,  prend  une  importance  
 considérable. 
 Pourtant  Astrakan  n’occupe  pas  la  place  qu’on  pourrait  croire.  La   ville  est  
 située  sur une  île  escarpée,  entourée de bras  innombrables,  coupés d’îles disparaissant  
 sous les jardins  et les vignobles.  Le  panorama qu’on découvre du  clocher de la  
 cathédrale  est  merveilleux  :  en  bas,  Astrakan  avec  ses  larges  boulevards  et  ses  
 canaux ;  plus loin,  le  port  avec  des  bateaux  et  des  barques  et  la Volga qui  coule  
 ¿majestueusement  entre  les  îles  verdoyantes. 
 Astrakan,  se  trouvant  sur  les  confins  de  l’Asie,  présente  une  population  
 bigarrée.  Ici,  les habitants  de Khiva,  reconnaissables à leurs  hauts  bonnets pointus  
 d’astrakan,  sont  assis  sur  de petits  bancs  devant  leurs maisons;  là,  sont  paresseusement  
 étendus des  Persans  silencieux. 
 Plus  loin,  à pas  précipités, s’avance un Arménien,  et venant à  sa  rencontre,  un  
 moujik  en  blouse,  ou  un  Kirghiz  à  cheval,  et  derrière  lui  un  Kalmouk  ou  un  
 Bachkir  encore  plus  sale  et  plus  difforme.  Les  Persans  qui  habitent  Astrakan  
 sont,  pour la plupart,  des  courtiers  chargés  de  traiter  les  affaires  pour  leurs  compatriotes  
 dont  ils  possèdent  la  confiance. 
 Les  Asiatiques  sont  peu  en  relations  avec  les  riches  marchands  russes,  car  
 ceux-ci  consacrent  la majeure  partie  de  leurs  capitaüx  à  des  pêcheries.  Les habitants  
 d’Astrakan  cultivent  le ver à  soie  et la  vigne. 
 La  flore  de  cette  région  est  très  riche :  les  poires,  les  pommes,  les  cerises,  les  
 prunes,  le  raisin,  les  pêches,  les  mûriers  abondent.  Les  melons  et  les  pastèques  
 d’Astrakan  sont  très renommés. Néanmoins, l ’industrie  la plus  lucrative de  ce gouvernement  
 est  la pêche. 
 Dans aucune partie  du monde  elle  n’est pratiquée  sur  une aussi  grande  échelle  
 que là  et  sur les bords de  la mer Caspienne;  elle  absorbe  d’immenses  capitaux,  elle  
 occupe des  centaines  de milliers d’hommes,  et  l’on peut dire que, pendant  les longs  
 carêmes  qu’observe  scrupuleusement  la  Russie,  tout  l’empire  est  nourri  de poissons  
 d’Astrakan  :  l ’esturgeon,  le  grand  esturgeon  (la  bélouga) ,  l’esturgeon  stelli