Dès que l’impératrice a reçu l ’huile sainte, le métropolite de Novgorod introduit
l’empereur dans l’intérieur de l’autel par les portes du tsar, et le fait participer
au saint mystère du Christ en communiant, comme les prêtres, par le corps et le
sang séparément. Puis un des évêques remet au tsar le pain bénit et l’eau tiède,
pendant qu’un autre évêque'lui lave la bouche et les mains.
La tsarine ne pénètre pas dans l’autel et communie devant les portes saintes,
selon le rite habituel.
La cérémonie du sacre est terminée et de nouveau, en guise de congratulations,
toute l’assemblée s'incline trois fois. Le tsar et la tsarine se placent sous le
baldaquin, revêtus de la couronne et de la pourpre, l’empereur tenant toujours le
sceptre et le globe.
Pendant que cent une salves retentissent, les souverains se dirigent vers la
cathédrale d’Arkhangelsk et de là se rendent à la cathédrale de l’Annonciation, d’où
ils partent pour rentrer dans leur palais et gagner leurs appartements particuliers
où ils attendent qu’on vienne leur annoncer que tout est prêt pour le dîner dans
le palais anguleux.
Pendant ce temps, le corps diplomatique , à qui l’on a déjà servi à déjeuner
dans la salle d’or, est introduit dans le palais anguleux, où l’on fait entrer successivement
les membres du conseil d’Etat, le haut clergé, les généraux adjudants et
toutes les personnes du tchin de première et de seconde classe.
Le tsar et la tsarine montent sur le trône et prennent place sous le baldaquin,
à une table où deux couverts sont mis, le tsar à droite, la tsarine à gauche.
Derrière Leurs Majestés, les premiers tchines de la cour prennent place et en face
d’elles le grand échanson; des gardes-chevaliers, le sabre au clair, montent la garde.
Tout autour se pressent le grand-maréchal, le grand-maître des cérémonies,
les maîtres des cérémonies avec les baguettes, les hauts dignitaires qui ont porté
les insignes, etc., etc.
Sur un ordre de l’empereur, le ministre des finances apporte à l’impératrice
des médailles commémoratives de ce jour, qui sont ensuite distribuées aux assistants
par des fonctionnaires du ministère des finances.
Des médailles semblables seront distribuées de même aux membres de la
famille impériale et aux princes étrangers, dont on met la table dans une salle
voisine.
Sur un nouvel ordre du tsar, le grand-maréchal, Je grand-maître des
cérémonies, ainsi que les maîtres des cérémonies nommés exprès pour le couronnement,
après s’être inclinés profondément devant le tsar, vont demander les plats
du festin impérial qui sont portés par des officiers de l’état-major, escortés chacun
de deux gardes-chevaux, sabre au clair.
Le grand-maréchal pose les plats sur la table et aussitôt le tsar enlève sa couronne
et le métropolite bénit le repas.
MOSCOU. ¡¡g
Lorsque, après le premier plat, l’empereur demande à boire, le clergé et les
personnes des deux sexes de la première et de la seconde classe, après avoir salué
l ’empereur, vont prendre place aux tables qui leur sont destinées.
Le corps diplomatique et les personnes qui ne restent pas à dîner saluent et se
retirent sans tourner le dos au trône.
Des tables sont dressées, pour ceux qui restent, sous des tentes dans la cour du
Kremlin. On boit à la
santé de l’empereur au
son de soixante et une
salves, et à celle de l’impératrice
au son de cinquante
et une salves ;
ensuite, de la famille
impériale au son de
trente et une salves, du
clergé et de tous les sujets
du tsar au son de
vingt et une salves.
Les cérémonies du
couronnement termi -
nées, les réjouissances
publiques commencent,
et toutes les classes so-,
ciales y participent sans
sé confondre, car en
Russie la fortune n’efface
pas les distances,
et l’aristocratie et la
bourgeoisie ne se mélangent
pas.
Moscou, d’ailleurs,
est trop heureux de redevenir
pendant un mois
A M o s co u . — . Le tsar des cloches.
au moins la seule capitale de l’empire russe, pour ne pas prolonger le plus possible
cette ère de fêtes, de banquets, de gaieté nationale et de plaisirs, qui est
l ’atmosphère naturelle de l’aristocratique cité.
S ’amuser est d’ailleurs la principale occupation de Moscou; c’est là que
l’ancienne noblesse russe réside de préférence et tue agréablement le temps.
L ’opulente classe des marchands de Moscou, d’une richesse légendaire,
contribue pour une large part à donner aux fêtes de la sainte ville une magnificence