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 sorte;  son  oeil,  violemment  attiré  par les  blancheurs éblouissantes des peaux d’ours  
 et  la  neige  mouchetée  de  l’hermine,  parcourt  ensuite  avec  délices  la  gamme  des  
 nuances  sombres,  allant  des  reflets  argentés  du  renard  bleu  aux  tons  jaunes  du  
 putois, glissant  sur  la  robe cendrée du modeste  petit-gris, pour  se  reposer  avec  une  
 sensation  de  bien-être  sur  la  zibeline  d’un  brun  sombre  et  velouté,  qui  souligne  si  
 discrètement  la  fraîcheur  d’une  joue  rose. 
 A côté de  ces  fourrures incomparables,  les forains  de Nijni vendent  à  profusion 
 N i j n i - .N o - v g o r o d .   —   Couvent  de Makarieff.  
 Emplacement primitif de  la  foire. 
 les peaux  d’agneaux  et de moutons  qui  sont  en  hiver  le  principal  Vêtement  du bas  
 peuple  en Russie. 
 Le  riad  du  thé  n’est pas  moins  intéressant  que  celui  des  fourrures.  On  reste  
 confondu  devant  ces  piles  sans  fin  de  caisses  chinoises;  il  en  arrive  au  moins  
 cinquante  mille  annuellement.  C ’est  ce thé, dit  de caravane,  qui  passe  pour  supérieur, 
   parce  que  le  trajet  sur mer n ’en  a  pas'affaibli ou  dénaturé  l’arome. 
 En réalité, ce thé ne vient par voie de terre que de la frontière chinoise à Tomsk.  
 Là, il est chargé sur des barques et amené par la rivière de l’Irtych jusqu’à Tioumen,  
 d’où  il  est  de  nouveau  transporté  parterre jusqu’à Perm.  Dans  ce port on  le  confie  
 pour  la  seconde fois  à  des  barques  qui  descendent  la  Kama;  comme  on  l’a  déjà 
 dit,  «  un fleuve estune  route  qui marche  »  et le  thé  decaravane  suit  la  plus grande  
 partie  du  temps  cette  route  fluide; Ta Kama  porte  sa  cargaison  à  la  Volga,  qui  la  
 dépose à Nijni. 
 Ce thé,  appelé aussi thé russe,  est  renfermé  dans de petites caisses  carrées  enveloppées  
 de  peau  pour  empêcher lé  parfum  de s’éventer. 
 Rien de plus curieux à observer que le marché de thé àNijni. Tous les acheteurs  
 sont munis  de  petites  théières qui  leur  servent à déguster  la boisson  chinoise avant  
 de  faire  leurs,  commandes.  Le  marchand  forain  a  toujours  un  samovar  d’eau 
 A   l a   f o i r e *  d e   N i  j  n i - N Ó v.GôR o D.  —  Les  ria ds   chinois. 
 bouillante  à  côté  de  lui,  il  jette  dans  la  théière  quelques  pincées  de  l ’échantillon  
 que  le.client  désire goûter,  puis il  verse dessus  l’eau  en ébullition. 
 r  Les grandes  boutiques renferment tout un  cercle  d’amateurs  qui  dégustent  en  
 conscience et  se communiquent  leurs  impressions;  l’un trouve  à redire à la couleur  
 du  thé,  l ’autre  à  son  arome,  enfin  ils  vident  chacun  au  mains  une  vingtaine  de  
 théières  avant  de  faire  leur choix. 
 Le  bazar des fers  de l'Oural est  une  des  attractions  de  la  foire  de Nijni.  Toute  
 la  ville est en métal,  les boutiques^  les maisons, les  rues;  des. pyramides  de barres  
 de  fer s’élèvent  à des  hauteurs, vertigineuses  et  à  côté s’étalent  tous les  instruments  
 aratoires  et  autres imaginables  et jusqu’à  des  locomotives.